Les crises migratoire, terroriste, sanitaire ont eu raison de l’espace Schengen de libre circulation. Certes, Emmanuel Macron, soutenu par la Commission européenne, a fait de sa réforme l’une des priorités de la présidence française du Conseil de l’Union, mais ce n’est pas pour revenir au projet original d’un espace sans frontières intérieures : il s’agit en réalité d’acter leur retour.
Schengen, au départ, c’est la promesse de la fin des contrôles fixes aux frontières intérieures en échange d’une plus grande coopération policière et judiciaire (mise en place de fichiers informatiques, harmonisation et durcissement des conditions d’entrée dans Schengen, droit de poursuite des policiers de part et d’autre des frontières, etc.). Si le second volet a bien été mis en place et continuellement renforcé, en revanche, les Etats, et singulièrement la France, ont rétabli des contrôles fixes, au coup par coup puis pour des durées de plus en plus longues.
Sauvegarder les apparences
Ainsi, alors que Schengen venait d’entrer en vigueur, Jacques Chirac, à peine élu en 1995, l’a suspendu pour lutter contre le «narco-Etat néerlandais». Puis, à chaque afflux migratoire, Paris a réintroduit et maintenu des contrôles terrestres, notamment avec l’Italie et l’Espagne, mais aussi dans les aéroports et les ports. Avec les attentats terroristes, ils sont devenus systématiques dans les aéroports en provenance de certaines d