Pour la première fois, c’est donc une femme qui va porter les couleurs de la droite à une présidentielle. Les adhérents Les Républicains ont désigné samedi, à l’occasion du second tour de leur Congrès, Valérie Pécresse candidate du parti pour l’élection d’avril prochain. La présidente de la région Ile-de-France recueille 61% des suffrages quand son concurrent Eric Ciotti récolte 39% des voix. «La droite a retrouvé son ADN, elle est populaire et solidaire avec une vraie équipe de France. C’est une formidable journée de rassemblement. Nous posons le premier pas» pour gagner l’Elysée, a dit Jacob. Qui a félicité les deux finalistes, avant de prononcer le sacre de «Valérie», une façon guère féministe de nommer les femmes politiques par leur seul prénom. Eric Ciotti s’est félicité de sa performance et a remercié les 44 000 militants qui ont voté pour lui. Puis il a fait le job de l’unité : «Nous formerons un collectif puissant, une véritable équipe de France autour de Valérie.» Il a néanmoins rappelé qu’il veillerait à ce que ses idées persistent dans le programme présidentiel de son ex-rivale. «Les Français demandent de la sécurité contre l’ensauvagement de la société […] une baisse des impôts. Une espérance se lève, celle d’un redressement national.»
«Valérie ! Valérie !» scande la foule de ses supporteurs. La présidente de la région Ile-de-France a ensuite prononcé son premier discours de candidate LR à l’Elysée. «Pour la première fois le parti de Charles de Gaulle, Georges Pompidou Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy va se doter d’une candidate à l’élection présidentielle. Alors je pense à toutes les femmes de France aujourd’hui. Et je dis aux adhérents : merci pour cette audace. Je vais tout donner pour faire triompher nos convictions […] Ensemble nous allons restaurer la fierté française et protéger les Français», a-t-elle martelé, avant d’égrener des mesures aussi à droite sur l’immigration, la sécurité que celles défendues par Eric Ciotti. «Je ressens la colère d’un peuple de France qui se sent impuissant» face «à la montée d’un séparatisme islamique». «Nous ne sommes condamnés ni au désordre, ni au déclin. Ce n’est pas la France qui est en cause mais son système. Mais un système, ça se change et un président, ça se change aussi.» Dotée d’une solide équipe de campagne, Pécresse a multiplié les phrases choc droitières de façon assez monocorde. Et pour la première fois, elle a désigné ses adversaires. «Emmanuel Macron n’a qu’une seule obsession, c’est plaire. Moi je n’ai qu’une seule passion c’est faire.» D’Eric Zemmour elle a fustigé les propos «insultants» et «offensants» : «Aucun diviseur n’a été un sauveur. Nous allons tourner la page Macron mais sans déchirer les pages de l’histoire de France.» Et de conclure en martelant son triptyque «Autorité, liberté, dignité.»
A vrai dire, la victoire de Valérie Pécresse ne faisait plus grande doute. Malgré sa seconde position jeudi au premier tour, les trois candidats malheureux Philippe Juvin, Michel Barnier et Xavier Bertrand lui avaient rapidement apporté leur soutien. Tout comme de nombreuses personnalités du parti dont certaines, comme Rachida Dati, n’avaient pas voulu se prononcer pour le premier tour. Beaucoup ont vu en l’ancienne porte-parole du gouvernement de François Fillon une personnalité plus à même de rassembler au-delà des seuls adhérents LR que le radical Ciotti. «Je suis la seule à pouvoir battre Emmanuel Macron. Je suis une femme qui gagne et qui fait», n’avait d’ailleurs pas manqué de rappeler Pécresse jeudi, quelques minutes après les résultats du premier tour depuis son QG rue de Turin dans le VIIIe arrondissement de Paris.
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De son côté Eric Ciotti, malgré sa défaite, reste la grande surprise de ce congrès LR. Parti à la fin du mois d’août dans le but de «porter ses idées et faire en sorte que le gagnant du scrutin interne s’en empare» dixit son entourage, le député des Alpes-Maritimes, grâce à des débats réussis et un discours radical notamment sur la sécurité et l’immigration, a réussi à s’imposer comme un des favoris du scrutin. Insistant sur sa fidélité au parti, le droitier questeur de l’Assemblée nationale est parvenu à convaincre les militants de le hisser jeudi en tête du premier tour. Grâce à son nouveau statut, Ciotti va forcément peser dans les prochains mois dans la campagne de son parti. Valérie Pécresse avait, par exemple, déjà assuré qu’en cas de victoire au congrès elle reprendrait l’idée de son concurrent de faire payer les jours de détention aux prisonniers. Beaucoup voient surtout en Eric Ciotti un futur ministre de l’Intérieur en cas de victoire de la droite en avril prochain.
Au premier tour jeudi, Eric Ciotti avait terminé en tête avec 25,59 % des voix, juste devant Valérie Pécresse et ses 25 %. Derrière, Michel Barnier et Xavier Bertrand suivaient avec respectivement 23,93 % et 22,36 % quand le candidat-médecin Philippe Juvin n’obtenait que 3,13 % des votes.