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Vie chère en Outre-mer, soignants à l’hôpital, repas étudiants à 1 euro, ascenseurs… Plusieurs textes PS votés à l’Assemblée

Dans le cadre de leur «niche» parlementaire, les socialistes sont parvenus à faire adopter leurs cinq propositions par les députés ce jeudi 23 janvier.
Des soignants dans l'hôpital François Mitterrand de Pau, le 20 janvier 2025. (Quentin Top/Hans Lucas.AFP)
publié le 23 janvier 2025 à 21h24
(mis à jour le 24 janvier 2025 à 8h17)

Des victoires du PS dans des sujets de la vie quotidienne. L’Assemblée nationale a adopté ce jeudi 23 janvier les cinq propositions de loi socialistes, dans le cadre de leur «niche» parlementaire, qui leur permet de décider de l’ordre du jour. Lutte contre la vie chère en outre-mer, ratios de soignants à l’hôpital, généralisation du repas à 1 euro pour les étudiants, lutte contre les pannes d’ascenseur et protection des enfants accueillis dans les crèches.

Dans la matinée, les députés ont voté une première proposition socialiste, présentée par la Martiniquaise Béatrice Bellay pour lutter contre la vie chère en Outre-mer. Le texte permet le plafonnement par l’État du prix d’un panier de biens de première nécessité - pour le ramener au niveau constaté en métropole -, s’attaque aux monopoles et autres oligopoles, ainsi qu’à la toute-puissance de la grande distribution.

Les députés du «socle commun» ont préféré s’abstenir : aligner les prix sur ceux pratiqués dans l’Hexagone est «irréalisable et inapplicable», c’est de «l’affichage», a déploré Maud Petit (Modem). «On va empêcher les nouveaux investisseurs d’arriver dans nos territoires et de faire fonctionner la concurrence», s’est inquiété Nicolas Metzdorf, élu macroniste de Nouvelle-Calédonie.

Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a reconnu que les écarts de prix d’au moins 30 % entre la métropole et les outre-mer posaient un «défi à la cohésion sociale». Mais le gouvernement, au nom de la «liberté d’entreprendre», a tenté de s’opposer à une disposition interdisant aux grands groupes de distribution de détenir plus de 25 % de parts de marché. En vain : les députés ont maintenu cet article. Au final, Manuel Valls a néanmoins «salué» l’adoption du texte, «un premier pas nécessaire», selon lui.

«Souffrance» de l’hôpital

Dans l’après-midi, les socialistes ont ensuite fait voter un texte qui propose d’instaurer progressivement dans les hôpitaux un nombre minimal de soignants par patient et par service. Il s’agit de répondre à la «souffrance» de l’hôpital public, a expliqué le rapporteur Guillaume Garot (PS), soulignant que les ratios ne seraient appliqués que très progressivement - ceci afin d’éviter que, faute de personnel, des services hospitaliers ne soient contraints de fermer, ce qui serait contraire à l’effet recherché.

Les élus de la droite et du centre ont salué une «intention louable», mais déploré une «fausse bonne idée» : «Fixer des seuils minimaux ne répondra jamais à la pénurie actuelle de soignants», a ainsi estimé Jean Moulliere (Horizons). Après avoir tenté, en vain, de l’amender, ils se sont finalement, pour la plupart, abstenus une nouvelle fois. Le texte, voté dans les mêmes termes qu’au Sénat, peut donc entrer en vigueur.

Dans la soirée, une troisième proposition du parti à la rose est passée, à une large majorité : celle instaurant un repas à 1 euro pour tous les étudiants. Actuellement réservé aux étudiants boursiers et précaires, le dispositif sera généralisé dans les restaurants et points de vente gérés par les Crous (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires).

Si le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Philippe Baptiste a reconnu qu’une «part grandissante» des étudiants ont recours à l’aide alimentaire ou sautent des repas «parfois pour des raisons financières», il s’est dit en désaccord avec la proposition de loi. 149 députés, principalement issus de la gauche, du RN et du groupe centriste Liot, ont voté pour le texte porté par Fatiha Keloua Hachi, examiné en première lecture. Cinq ont voté contre (2 EPR, 3 Horizons). Malgré leurs réticences, la majorité des macronistes s’est encore une fois abstenue.

Pannes d’ascenseur et financiarisation des crèches

Toujours dans la soirée, les députés ont adopté un texte voué à lutter contre les pannes d’ascenseur. Il prévoit d’obliger les sociétés gérant ces équipements à intervenir dans les deux jours ouvrés et à constituer des stocks suffisants de pièces détachées pour réparer au plus vite et éviter ainsi que les pannes se prolongent et tournent au «calvaire» pour les habitants d’immeubles de grande hauteur.

Enfin, quelques minutes avant minuit, ils ont approuvé une proposition pour lutter contre la «financiarisation» des crèches. Le texte instaure une autorisation préalable pour les fonds d’investissement souhaitant entrer au capital d’une entreprise de crèches.

Après avoir renoncé la semaine dernière à censurer le gouvernement Bayrou - dont ils espèrent encore obtenir des concessions sur le budget –les élus PS entendaient marquer des points. Le chef des élus socialistes, Boris Vallaud, n’avait pas caché attendre «sur certains textes, un soutien» de la part du gouvernement et des élus du centre et de la droite.

Mise à jour à 8h16 avec les deux autres textes adoptés dans la soirée.