Depuis quelques jours, les débats politiques français étaient plutôt atones. Même les passes d’armes budgétaires à l’Assemblée nationale avaient quelque peu disparu… Les images des agressions à l’encontre de plusieurs supporteurs du Maccabi Tel-Aviv, jeudi 7 novembre dans la soirée à Amsterdam après un match de coupe d’Europe ont ravivé les polémiques sur fond de guerre à Gaza, de dénonciation de racisme et d’antisémitisme.
En début d’après-midi, Emmanuel Macron a dressé un parallèle avec la Nuit de cristal, ce pogrom contre les juifs en Allemagne dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938. «Les violences contre les citoyens israéliens à Amsterdam rappellent les heures les plus indignes de l’histoire», s’est-il indigné sur X, adressant son soutien aux blessés et affirmant que «la France continuera de lutter contre l’odieux antisémitisme sans relâche».
«Lynchages antisémites» contre «actes racistes»
Avant le président de la République, l’extrême droite avait déclenché, dès le matin, une salve de réactions. Le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, a dénoncé «une chasse aux juifs» en plein cœur de l’Europe et pointé la «responsabilité» de ceux qui, selon lui, «attisent la haine antisémite sous couvert de défense des Palestiniens». Sur son compte X également, Marine Le Pen a accusé, sans nuance, «une haine des juifs […] portée par la rhétorique incendiaire de l’extrême gauche gangrenée par l’idéologie islamiste». Au gouvernement, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a qualifié de «barbarie» ces actes de violences.
De son côté, la gauche condamne également ces comportements. L’écologiste Sandrine Rousseau a dénoncé sur X ceux qui «cherchent à justifier l’injustifiable». «Je lis “les supporters israéliens ont provoqué” mais ça va pas de justifier la violence comme ça ? !» s’est insurgée la députée de Paris sur X. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a lui aussi fustigé en début d’après-midi sur X, «les agressions et lynchages antisémites dont ont été victimes les supporters du Maccabi», appelant à les «condamn[er] sans aucune ambiguïté». «Rien ne saurait les justifier, a poursuivi le député de Seine-et-Marne. La prise de conscience doit être générale.» Le socialiste a toutefois modifié son poste quelques minutes après, insistant sur les actes antisémites et rappelant, lui aussi, que ces actes se sont déroulés «à la veille de l’anniversaire de la Nuit de cristal». Dans ces deux posts, Faure a également dénoncé, «sans établir d’équivalence, les actes et les propos racistes des supporteurs du Tel-Aviv Maccabi».
«Honte à eux»
Deux posts légèrement différents pour prendre plus de distance avec La France insoumise ? Plus d’un an après les premières tensions – effacées depuis par la dissolution et les élections législatives – entre socialistes et soutiens de Jean-Luc Mélenchon puis l’explosion de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale après les attentats terroristes du 7 Octobre et de la guerre à Gaza, les dirigeants du Nouveau Front populaire craignent que le conflit israélo-palestinien ne vienne, à nouveau, les diviser. Sur CNews, le coordinateur national de la France Insoumise (LFI), Manuel Bompard, a expliqué que «s’il y a eu des agressions, elles sont évidemment condamnables» avant, aussi, d’insister sur «les provocations israéliennes, les chants racistes, l’arrachage de drapeaux palestiniens». Son camarade à l’Assemblée, l’antifasciste Raphaël Arnault (LFI) a qualifié les supporters du Maccabi Tel-Aviv de «hooligans racistes et violents», assurant, selon lui, qu’ils n’étaient pas venus pour «cueillir des jonquilles». Des positions qui ont scandalisé Raphael Glucksmann : «En 2024, un homme à terre crie “I am not jewish” pour ne pas être lynché dans une rue d’Europe. Un autre jeté dans un canal doit hurler “Free Palestine” pour ne pas mourir noyé. Et vous avez ici des gens qui relativisent ou justifient cette violence antisémite. Honte à eux», a tweeté le député européen ce vendredi soir.
Sur la chaîne du groupe Bolloré, Manuel Bompard avait également demandé l’annulation du match de Ligue des nations entre la France et Israël, le 14 novembre au Stade de France, jugeant qu’«Israël est un pays agresseur» et que «le sport véhicule des valeurs et des principes de respect des droits humains». Réponse immédiate de Bruno Retailleau qui refuse toute annulation voire délocalisation du match dans une autre ville française : «Céder serait capituler face aux menaces.»