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Affaire Bétharram : François Bayrou propose la création d’une «autorité indépendante» sur les violences contre les enfants

Affaire Notre-Dame de Bétharramdossier
Le Premier ministre était entendu ce mercredi 14 mai à l’Assemblée nationale sur ce qu’il savait ou non du scandale des violences physiques et sexuelles survenues au sein du collège-lycée catholique des Pyrénées-Atlantiques.
Paris, le 14 mai 2025. Audition de François Bayrou dans le cadre de l'affaire Bétharram (Albert Facelly/Libération)
publié le 14 mai 2025 à 7h47
(mis à jour le 14 mai 2025 à 22h55)

En résumé :

  • Accusé de mensonges, François Bayrou s’est très longuement expliqué ce mercredi 14 mai devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur ce qu’il savait et son éventuel rôle auprès de la justice dans l’affaire des violences physiques et sexuelles au collège-lycée Notre-Dame de Bétharram.
  • Le Premier ministre a de nouveau assuré - sous serment, cette fois - ne pas avoir eu d’informations privilégiées sur les violences physiques et sexuelles dans l’établissement. Il a par ailleurs prôné la création d’une «autorité indépendante» sur les violences contre les enfants.
  • Le locataire de Matignon a notamment contre-attaqué dénoncé les «instrumentalisations» politiques et mis en cause «l’objectivité» de la commission d’enquête.
  • François Bayrou était notamment entendu par un duo de rapporteurs inattendu : l’insoumis Paul Vannier et la macroniste Violette Spillebout. Leurs conclusions sont attendues fin juin après avoir entendu pendant plusieurs mois témoins, victimes et responsables politiques.
il y a 103 jours

La fin d’une audition marathon. A l’issue de son audition de 5h30, qui avait commencé à 17 heures, François Bayrou a expliqué ce mercredi soir avoir vécu «un moment libérateur». «Toute la presse a écrit que ça allait être l’endroit où on allait juger la responsabilité du gouvernement […] et que grosso modo c’était fini pour moi». «Il y avait des accusations sans que je puisse jamais répondre» et «on a eu là, pour la première fois, la possibilité d’apporter non pas des dénégations, non pas des arguments, mais des preuves» et «montrer que tout était sans fondement», a estimé le Premier ministre devant la presse. «Et ce qui était plus choquant pour moi, c’est que les victimes étaient totalement absentes de ces questions», a-t-il ajouté.

il y a 103 jours

Après plus de cinq heures, Bayrou ne désarme pas. Le Premier ministre s’en est pris de manière virulente à la commission d’enquête, l’accusant d’avoir voulu «le coincer pour [l’]obliger à démissionner». «Vous ne m’avez interrogé que sur moi, sur ma responsabilité, sur ce que j’avais fait ou pas fait, sur le soupçon d’être intervenu -soupçon insupportable-- dans l’affaire pour protéger des pédocriminels. Toute l’audition a tourné autour de ça», s’est indigné le Premier ministre, après environ cinq heures d’audition particulièrement tendues. «C’est toute votre stratégie ce soir qui s’est effondrée, parce que des preuves ont été apportées», a également déclaré François Bayrou à l’attention du co-rapporteur LFI de la commission Paul Vannier, en accusant les Insoumis de vouloir «abattre ce gouvernement, abattre le suivant et abattre le suivant encore».

il y a 103 jours

Vers une nouvelle haute autorité ? François Bayrou a prôné ce mercredi la création d’une «autorité indépendante» sur les violences contre les enfants, lors de son audition par la commission d’enquête de l’Assemblée consacrée au contrôle par l’État et à la prévention des violences dans les établissements scolaires, lancée sur fond d’affaire Bétharram. Cette haute autorité comprendrait «un conseil scientifique» et un «conseil des victimes». Elle concernerait «tous les établissements» scolaires mais aussi «les associations sportives», «les associations culturelles», «les familles», a détaillé le Premier ministre, expliquant s’inspirer d’une loi adoptée en Allemagne.

il y a 103 jours

«On a tous une part de responsabilité», admet Bayrou. Alors que le Premier ministre est entendu par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale depuis maintenant près de cinq heures, celui-ci a dénoncé ce qu’il estime être une instrumentalisation de l’affaire par ses opposants politiques. «Il s’agissait de me coincer pour m’obliger à démissionner», a-t-il déclaré au sujet de son audition du jour. «Vous ne m’avez interrogé que sur moi, sur ma responsabilité, sur ce que j’avais fait ou pas fait, sur le soupçon d’être intervenu - soupçon insupportable - dans l’affaire pour protéger des pédocriminels. Toute l’audition a tourné autour de ça», s’est indigné François Bayrou. «On a tous une part de responsabilité», a-t-il toutefois admis.

il y a 103 jours

Un grand oral qui ne lève pas le flou et les doutes. L’attitude de celui qui est toujours maire de Pau, qui fut ministre de l’Education nationale et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques avant d’être aujourd’hui notre Premier ministre, face aux actes inacceptables qui ont eu lieu à Bétharram, où sa femme a enseigné le catéchisme et où plusieurs de ses enfants ont été scolarisés, méritait a minima des éclaircissements. Mais auditionné sous serment ce mercredi, le Premier ministre s’est entêté à ne reconnaître aucune faute alors que ses mensonges, depuis trois mois, sont patents et que son inaction au fil des décennies apparaît coupable. Notre billet à lire ci-dessous :

il y a 103 jours

«Que des mensonges». Malgré l’orage qui frappe, Jean-Marie Delbos a tenu regarder l’audition de François Bayrou. Lui aussi croyait avoir des réponses, mais il n’a eu «que des mensonges». Amer, la victime 0 de Bétharram ne mâche pas ses mots contre le Premier ministre : «C’est miséreux. C’est du pipeau, tout ce que dit Bayrou.» Jean-Marie Delbos en veut pour preuve une phrase de l’auditionné : «Il dit «je suis jamais allé à Bétharram» mais j’ai vu les photos [publiées dans les Rameaux par Libé] ! L’inauguration du gymnase, j’ai vu ! C’est que du mensonge.» «C’est malheureux qu’il mente et qu’il n’y ait pas de contradiction», soupire Jean-Marie Delbos qui reconnait que «c’est pas un tribunal, c’est vrai». De cette audition, Jean-Marie Delbos «n’en retient absolument rien». Il ne souhaite qu’une chose : «Je veux que Bayrou vienne et me dise les yeux dans les yeux : Bétharram, je ne savais rien». Par Lucas Zaï--Gillot.

il y a 103 jours

L‘audition de Bayrou «pas un aboutissement, une étape», selon les victimes. «À celles et ceux qui espéraient que cette audition permettrait de tourner la page, nous répondons que ce 14 mai n’est pas un aboutissement, c’est une étape», a déclaré Alain Esquerre, entouré d’une dizaine de victimes, lors d’une conférence de presse ce mercredi à Bordères (Pyrénées-Atlantiques). «Nous, les victimes, on ne rentre pas dans ce jeu politique, on s’y refuse catégoriquement», a-t-il dit, jugeant néanmoins le Premier ministre «un peu malmené» par les parlementaires. «Ce que je pense, avec la plupart des victimes, c’est qu’il y a une responsabilité collective.» «François Bayrou ne représente pas l’enjeu principal de notre combat. Il fait partie d’une chaîne de responsabilités, d’alertes ignorées, de silence institutionnel, a fait valoir Alain Esquerre. Il n’est ni la cause unique ni le seul témoin de cette tragédie.»

il y a 103 jours

François Bayrou dément être intervenu dans la procédure concernant le père Carricart. Le Premier ministre, accusé par un ancien gendarme ayant participé à l’enquête pour viol à l’encontre de Carricart d’être intervenu dans la procédure judiciaire le concernant, nie toute immixtion. «Le gendarme Hontangs, soit il ment, soit il affabule», répond le Premier ministre. Et de poursuivre : «Je ne suis jamais intervenu dans aucune affaire [judiciaire]».

il y a 103 jours

Françoise Gullung, ancienne professeure de Bétharram, riposte. «Malheureusement pour lui [François Bayrou], il fait erreur», a réagi Françoise Gullung, interrogée par l’Agence France-Presse, après que le premier ministre l’a accusée d’avoir «affabulé» et de n’avoir jamais rencontré le père Carricart. Lors d’un «gros problème» survenu à Noël 1995 avec un élève, «Carricart a été pris de panique, il est venu et il a réuni les profs pour obtenir, notamment, le silence des enseignants à ce sujet», ajoute l’ancienne enseignante.

il y a 103 jours

«Il n’y a rien.» «C’est consternant», souffle un des représentants du collectif de Garaison devant son ordinateur, déçu «vis à vis des réponses qui sont données». Le collectif de Garaison salue le travail de la commission, mais rappelle que le sujet va au delà cette simple audition. «Il faut avancer sur l’immense problème des violences psychologiques, physiques et des actes de barbaries dans le cadre scolaire. On espérait avoir une reconnaissance de cette violence… ce qui aurait été un premier pas pour l’éradiquer. Mais il n’y a rien.» Il conclut en déplorant une focale médiatique sur la partie politique de l’affaire et non sur le «fond» de la problématique. Espérant que cela arrive dans le reste de l’audition, la conférence des collectifs reste «plus intéressée par les lendemains» de celle-ci. Par Lucas Zaï--Gillot.

il y a 103 jours

«Je suis l’accusé dans cette affaire ?» Sans perdre son calme, Paul Vannier poursuit ses interrogations sur la rencontre entre le Premier ministre et le juge Christian Mirande, en 1998, alors que ce dernier était chargé de l’enquête concernant le père Carricart, ancien directeur de l’établissement accusé de viol. «Au fond ces questions nous permettent de porter une appréciation sur la valeur de votre parole», insiste-t-il auprès de François Bayrou. «Vous faites à nouveau, sur un autre point, varier de façon très importante votre version des faits. Mais ma question est directe : monsieur le Premier ministre, avez-vous cherché à minimiser l’existence et le contenu de cette discussion» avec le magistrat ? Le chef du gouvernement, inlassablement, mobilise encore et encore les techniques de digressions, de victimisation et d’inversion de culpabilité, qu’il emploie depuis maintenant plus de 3 heures. «Franchement il y a des moments où on se demande dans quel monde on vit. Je suis l’accusé dans cette affaire ?, répond-t-il. Je vous ai entendu dire dix fois, nous ne sommes pas un tribunal, nous ne sommes pas des magistrats. Mais vous vous comportez comment là ? Vous essayez de nourrir un scandale, avec des méthodes un peu grossières, un peu faibles. Je pensais qu’à LFI vous étiez un peu plus élaborés.»

Il persiste, et signe : «Carricart était en prison. On découvre ce qu’il a fait dans le journal. Il va sortir de prison 15 jours après. Est-ce que je me suis occupé une seule fois de cette affaire ? […] Je ne suis jamais intervenue dans une affaire de justice. Ça peut vous surprendre, peut-être que vos mœurs à vous sont différentes. Mais moi jamais. Et donc, est ce que la conversation a eu lieu ici ou là, combien de temps elle a duré, est ce qu’elle a pu duré deux heures, c’est possible ? Mais ça ne change rien au fait que ce jour-là, depuis 48 heures, tous les détails étaient dans le journal.»

il y a 103 jours

«On en a pour 4 heures encore». Depuis son bureau à Pau, l’avocat pénaliste et opposant Les Verts au conseil municipal de Pau, Jean-François Blanco, rit jaune. «Bayrou fait du Bayrou», raconte-t-il. Enfilant d’abord sa casquette d’avocat pour analyser «le duel», Maître Jean-François Blanco n’est pas tendre avec François Bayrou : «Il attaque Paul Vannier et la Commission sans relâche au lieu de contribuer à la manifestation de la vérité. C’est anormal.» Il note toutefois que le Premier ministre «recule sur son intervention à l’Assemblée nationale du 11 février et son absence lien avec Carricart comme il l’assurait le 15 février devant les victimes». L’opposant Blanco, qui a l’habitude de pratiquer François Bayrou au conseil municipal de Pau, prend le relai de l’analyse. «Le Premier ministre se perd dans ses circonvolutions et on y comprend plus rien. Je retrouve le François Bayrou du conseil et son art d’embrouiller.» Maitre Blanco conclut, acerbe : «François Bayrou est dans une entreprise de sabotage et il oublie les victimes. C’est pas a la hauteur de ce qu’elles attendent.» Par Lucas Zaï--Gillot.

il y a 103 jours

«Le juge Mirande m’a informé de rien». François Bayrou est maintenant questionné sur sa rencontre avec Christian Mirande, l’ancien juge d’instruction en charge du dossier Carricart, ancien directeur de l’établissement accusé de viol. Mirande affirme, notamment devant la commission d’enquête, avoir rencontré le Premier ministre en 1998 pour évoquer le sujet. La fille de François Bayrou, Hélène Perlant, a également confirmé que son père avait bien rencontré ce juge et lui avait demandé «de ne pas le répéter». Après de multiples revirements, François Bayrou a fini par reconnaître cette rencontre, fortuite, avec cet homme qui n’était pas «un voisin anonyme». «Il n’a rien pu me dire qui n’était pas dans le journal de la veille, du 29 mai, détaille-t-il. Donc Mirande m’a informé de rien, le viol était dans le journal de l’avant-veille !» «Il n’y a jamais eu de rupture du secret de l’instruction», souligne-t-il, en expliquant que sa fille a pu se perdre «dans le vocabulaire».

il y a 103 jours

«Ses amnésies… Il faut arrêter les conneries». Il voulait des réponses. Celles-ci tardent à venir. «J’y suis encore pour un moment», lâche Eric Veyron devant sa télé à Tarascon, la voix de Bayrou résonnant à l’autre bout du combiné. «C’est une joute orale, il n’y a pas beaucoup de réponse. Il n’y a pas eu les bonnes questions», déplore l’ancien élève, victime du père Carricart lors de sa scolarité à Bétharram entre 1979 et 1982. Et quand François Bayrou répond ? «Il répond dans le vent, s’agace l’ancien élève de Notre-Dame de Bétharram. Ses amnésies… Il faut arrêter les conneries. Il s’en lave un peu trop vite les mains.» Après avoir rappelé son soutien à Françoise Gullung, Eric Veyron continue à indiquer quelles questions seraient pertinentes : «Il faut lui demander pourquoi ils ont libéré Carricart ? Je veux savoir. Ça, c’est important.» Puis le plaignant souffle. Il n’attend «rien» de cette audition. Il veut maintenant que «l’on protège les enfants, les victimes.» «Qu’est-ce qu’on fait pour eux, pour nous maintenant ?» Par Lucas Zaï--Gillot.

il y a 103 jours

François Bayrou revient sur l’épisode de la claque de 2002, un «geste éducatif». Paul Vannier, corapporteur de la commission d’’enquête, interpelle le Premier ministre et lui demande de préciser sa position concernant les violences faites aux enfants. «Est-ce que [votre] conception éducative de la gifle explique votre conduite à l’époque ?», interroge le député. Une référence directe à un épisode de 2002, lorsque François Bayrou avait asséné une claque à un enfant. Un geste «de père de famille», selon lui. «Pour moi, ce n’est pas de la violence, défend-il encore aujourd’hui. Un geste éducatif, et je le maintiens encore aujourd’hui. Ce n’est pas conforme aux canons, mais c’est la réalité de la vie».

il y a 103 jours

François Bayrou pris en flagrant délit de parjure ? Un peu plus tôt lors de son audition, le Premier ministre a affirmé qu’il n’avait jamais entendu parler de la condamnation d’un surveillant de Bétharram en 1996 à 5000 francs d’amende avec sursis, pour une gifle contre un enfant dont le père avait porté plainte. «Vous voyez, je suis sous serment. C’est la première fois que j’entends parler de ce jugement», a-t-il déclaré. Mais selon nos confères du Monde, cette affirmation est «invraisemblable». Le Premier ministre a, au minimum, été mis au courant par Le Monde, qui lui a fait mention de ce jugement pour un article du 13 février 2025. «Vous me l’apprenez», avait répondu François Bayrou au Monde à cette occasion.

il y a 103 jours

«Je suis en colère.» Depuis son canapé en Béarn, Jean-François Lacoste Séris fulmine. Son fils a été victime d’une claque en 1996 qui lui a retiré 40 % de son audition. Le surveillant, Marie-Paul de Bher avait été condamné à 5000 francs d’amende. «C’est compliqué pour les victimes de voir cela, il ment, répète le père de famille. Il ment. De Behr a été promu avant d’être licencié. Il me fait souffrir.» Après l’attaque ad hominem de François Bayrou sur Françoise Gullung, Jean-François Lacoste-Séris lui a envoyé un petit SMS «parce qu’il ment et il l’a démolie, j’espère qu’elle est bien entourée». La réponse de la professeure est sans appel : «C’est un infâme, m’a-t-elle répondu», rage Jean-François Lacoste-Séris. Le parent d’élève est acerbe : «Il joue la défense, fait le patron. Il me sort par les trous.» «Je suis en colère, enrage Jean-François qui n’a qu’une envie. Lui dire : «Je suis Béarnais comme vous, fils de paysan comme vous. Vous me faites honte.» Jean-François Lacoste Séris soupire : «Si en 1996 il avait autant bossé que pour aujourd’hui, rien n’aurait existé après.» Car François Bayrou est venu préparer, le parent craint que «Vannier et Spillebout se fasse manipuler, ils n’ont pas assez de gens du terrain». Il conclut avant de retourner regarder l’audition de François Bayrou : «J‘espère que la commission va proprement analyser ses propos.» Par Lucas Zaï--Gillot.

il y a 103 jours

Pour Bayrou, le rapport d’inspection commandé en 1996 a constitué «une vraie vérification». La députée Violette Spillebout, corapporteure de la commission d’enquête, interroge désormais le Premier ministre sur le rapport d’inspection académique mené par le rectorat en 1996 et qu’il avait lui-même commandé. La députée souligne son côté «express», mené en trois jours seulement, par un «inspecteur dépêché la veille». En conséquence, cette inspection, qui dresse un bilan favorable à l’établissement et écarte toute violence, n’a pu être que «superficielle», ajoute Violette Spillebout. Réponse de François Bayrou : «l’inspecteur a entendu vingt personnes entre 9h30 et 18 heures […]. Je considère, moi, que c’est une vraie vérification».

il y a 103 jours

Les deux cibles du Premier ministre. Dans cette première partie de son audition, François Bayrou choisit deux cibles. La première, politique, c’est Paul Vannier. Le Premier ministre renvoie régulièrement le député insoumis, co-rapporteur, à ses «méthodes» pour mieux discréditer ses questions et pour focaliser l’attention sur les tensions politiques entre lui et ce proche de Jean-Luc Mélenchon qu’il accuse «d’instrumentaliser» cette affaire pour tenter de le faire chuter. La seconde, plus personnelle, Françoise Gullung. Le chef du gouvernement pointe les «affabulations» de celle qu’il juge être la «lanceuse d’alerte» de la commission d’enquête. Son objectif : brouiller au maximum les débats pour les faire durer - «j’ai tout mon temps», lance-t-il - et qu’on ne puisse pas lui reprocher d’avoir menti ou dissimuler des faits par le passé. C’est brouillon, peu respectueux des droits du Parlement, mais, politiquement, ça peut fonctionner… Par Lilian Alemagna

il y a 103 jours

«Je n’ai pas eu le sentiment que la commission était totalement objective». François Bayrou, qui passe décidement plus de temps à faire des digressions qu’à répondre aux questions, insiste lourdement pour diffuser une «courte vidéo de deux minutes» de Françoise Gullung, professeure de mathématiques ayant enseigné à Bétharram. Il affirme «sous serment» qu’elle ne l’avait «informé de rien», des violences vécues par les élèves de l’établissement, contrairement à ce qu’elle a assuré dans un entretien au Point et devant la commission d’enquête parlementaire. La présidente, Fatiha Keloua Hachi refuse. «Je vous ai demandé à l’avance les documents que vous alliez projeter, elle n’était pas dans la liste», insiste-t-elle, rappelant avec insistance que «des règles» régissent cette audition. Le Premier ministre reconnaît sans ciller n’avoir eu «aucune envie de [lui] soumettre à l’avance ces documents». «Il se trouve que je n’ai pas eu le sentiment que la commission était totalement objective».

Il assure que les propos de l’enseignante Françoise Gullung, qui dit l’avoir informé en 1995 de ce qu’il se passait à Betharram, n’ont pas été retranscrits fidèlement après son audition. Pour le Premier ministre, «cette dame a affabulé devant la commission». Elle a reconstitué «fallacieusement des événements», dénonce le chef du gouvernement.