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Le billet de Thomas Legrand

Voile à l’université, mères accompagnatrices... La laïcité encore malmenée par Bruno Retailleau

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Le ministre de l’Intérieur soutient l’idée d’interdire plus largement le port du voile islamique, en contradiction avec le principe même de laïcité et le cadre constitutionnel.
Bruno Retailleau le 14 décembre 2024. (Albert Facelly/Libération)
publié le 8 janvier 2025 à 9h59

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Il y a deux sortes de propos politiques. Ceux qui proposent réellement de changer les choses, de créer de la norme, et ceux qui n’ont pour but que de changer des rapports de force ou de faire exister leur locuteur dans le débat public. La proposition évoquée dans le Parisien par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, d’étendre l’interdiction du port du voile islamique à l’université ou pour les mères accompagnantes des sorties scolaires, fait partie de la deuxième catégorie. C’est un propos verbal dont la performativité est plus politicienne que politique. D’ailleurs, Bruno Retailleau n’envisage pas de présenter un projet de loi (donc d’origine gouvernementale) mais dit espérer une proposition de loi (donc d’origine parlementaire).

Si le ministre de l’Intérieur ne veut pas proposer en son nom cette extension du bannissement légal du voile c’est que François Bayrou, le Premier ministre, est contre et qu’il ne trouverait pas de majorité pour un tel projet. Il sait aussi parfaitement que le Conseil d’Etat émettrait un avis défavorable et que si, malgré tout, une telle disposition était votée, elle aurait toutes les chances d’être anticonstitutionnelle.

Surtout, en reformulant cette proposition refusée, même par les tenants d’une laïcité rigoureuse, Bruno Retailleau entreti