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En résumé

Vote de confiance à François Bayrou : «hémorragie» de la dette, «tohu-bohu» des oppositions… Ce qu’il faut retenir de la déclaration du Premier ministre

Le chef du gouvernement a prononcé ce lundi 8 septembre son discours de politique générale devant les députés, afin de tenter une dernière fois de convaincre sur l’urgence budgétaire et d’éviter la chute.

François Bayrou à l'Assemblée nationale, ce lundi 8 septembre 2025. (Albert Facelly/Libération)
Publié le 08/09/2025 à 16h29, mis à jour le 08/09/2025 à 17h52

Après deux semaines d’interviews sur tout ce que la France compte de plateaux télé et radio, c’était sa dernière cartouche pour espérer conserver son poste à Matignon. François Bayrou a prononcé ce lundi 8 septembre en début d’après-midi son discours de politique générale devant les députés, comme il s’y était engagé en annonçant son souhait de se soumettre à un vote de confiance, une «épreuve de vérité» qu’il a «voulue», a-t-il rappelé d’entrée de jeu.

Au cours de cette déclaration d’un peu plus de 40 minutes, le Premier ministre a une nouvelle fois insisté sur le risque de la situation budgétaire de la France, «une silencieuse, souterraine, invisible hémorragie». Avant d’encore appeler, à sa façon, les oppositions à la responsabilité. Cela ne devrait toutefois pas faire changer d’avis les députés au moment de glisser leur bulletin «contre» François Bayrou en fin de journée. Libération fait le point sur les grands axes du - possible dernier - discours du Premier ministre devant les députés.

Le «pronostic vital» du pays engagé

«Problème d’éducation nationale», «déséquilibre démographique», «vieillissement des Français», mais aussi «inquiétude liée à la sécurité», «les migrations», ou encore «la déstabilisation climatique»… Après avoir listé pêle-mêle les maux qui accablent le pays, François Bayrou est revenu sur son cheval de bataille depuis des décennies : la dette. Car tous les enjeux précédemment évoqués sont, selon le Premier ministre, soumis à la question de la maîtrise de nos dépenses. «Nous dépensons et nous ne revenons pas en arrière, c’est devenu une addiction. […] D’ores et déjà, nos obligations de remboursement annuel du capital dépassent, et de loin, ce que notre pays produit en plus chaque année par sa croissance, par ses progrès en plus de l’année précédente», a-t-il justifié. «C’est une silencieuse, souterraine, invisible hémorragie.»

«Il faut avoir les chiffres précis en tête parce que ces chiffres ne sont pas du tout abstraits», a-t-il ensuite souligné. Chaque année, la France produit environ 50 milliards d’euros de richesses. Face à cette somme, «en 2020, les annuités qu’il nous fallait verser représentaient environ 30 milliards par an. En 2024, c’était 60 milliards. Cette année, 67 milliards. L’année prochaine, en 2026, 75 milliards. L’année suivante, 85 milliards. Et à la fin de la décennie, dit la Cour des comptes, ce sera 107 milliards», a chiffré le locataire de Matignon.

Les jeunes, «génération sacrifiée»

Evoquant une jeune génération persuadée qu’elle n’aura «jamais» la retraite, François Bayrou a appelé à une prise de conscience pour que «les plus avancés en âge unissent leurs efforts» pour épauler les futurs adultes qui feront la France. Chargeant une nouvelle fois les boomers. Le chef du gouvernement a tenu à alerter sur cette «génération sacrifiée» : «Depuis des décennies, nous avons rompu le contrat de confiance.»

Une situation qu’il relie, là encore, à la dette : «Les plus jeunes portent et vont porter pendant vingt ou trente ans le poids de milliers de milliards de dette que leurs aînés ont contractée.»

Des partis politiques dans la «division»

Evoquant le scénario très probable d’un vote de confiance qui ne se solderait pas en sa faveur ce lundi soir, François Bayrou s’en est pris à ces «forces politiques qui annoncent qu’elles vont faire tomber le gouvernement» alors qu’elles sont «les plus opposées entre elles, celles qui se désignent comme ennemies». Selon le centriste, «la conjonction des forces qui annoncent qu’elles veulent additionner leurs voix pour faire tomber le gouvernement» s’apparente à «un tohu-bohu qui se prépare pour la France».

«Les partis politiques ont un défaut fondamental, c’est que leur logique, toujours, les conduit à la division. C’est une malédiction que nous vérifions à cet instant», a-t-il ajouté, avant de partager sa vision de l’avenir de la politique française, pour laquelle il ne reste selon lui «plus que deux chemins». «Il y a un chemin sur lequel, sur toute la planète, le monde bascule». Mais «l’autre projet», c’est celui de la démocratie, qui conduit «à l’unité du pays et écarte la malédiction de la division perpétuelle». «Il y a un chemin et c’est le seul pour la France, celui de la vérité partagée et du courage pour choisir ensemble», a conclu le Premier ministre, avant de céder la place au chef des députés du PS au pupitre.

Puis, après plus de deux heures de discours des différents présidents de groupe, Bayrou revient au pupitre. «Je ne répondrai pas aux polémiques et aux paroles insultantes», reprend le Premier ministre, avant de remercier les membres de son gouvernement pour «ces neufs mois, avec beaucoup de poids lourds, beaucoup de solidarité, beaucoup d’amitié», et cela «sans une seule crise, une seule tension». Et selon lui, ce n’est pas un vote «qui va effacer la réalité». «Je suis heureux que nous ayons pu partager ce moment», conclut-il. Une phrase qui sonne comme un au revoir.

Mise à jour à 18 h 35, avec les nouvelles déclarations du Premier ministre suite aux prises de parole des différents présidents de groupe