Comme souvent avec Jean-Michel Aulas, «twitto» compulsif, tout est parti d’un message posté sur X le 26 juillet. L’ancien président de l’OL, dont la candidature pour briguer la mairie de Lyon pourrait être officialisée à la rentrée, s’était fendu d’un message à destination de l’édile actuel, l’écologiste Grégory Doucet. «Les vrais Lyonnais ont honte de ce qui se passe : mais c’est vrai il faut être lyonnais (de naissance, de travail, de cœur) pour comprendre ce désenchantement qui se mue en colère !» avait écrit le chef d’entreprise, mettant en cause la prétendue dégradation de la ville depuis l’arrivée des verts au pouvoir en 2020.
Reportage
Si «JMA» n’en est pas à son coup d’essai tant son compte X est rempli d’attaques sur la propreté, les transports ou les travaux à Lyon, c’est la formulation – «les vrais Lyonnais» – qui a fait réagir, en particulier chez les Ecologistes. Ces derniers voyant dans ce tacle dirigé vers Grégory Doucet, né à Paris et installé à Lyon depuis la fin des années 2000, une distinction tout droit venue du lexique de l’extrême droite.
«Vrais Français ou vrais Allemands»
«Cette expression de “vrais” Lyonnais interpelle lorsqu’on sait que cette rhétorique est utilisée par l’extrême droite pour faire un tri entre les Français», a ainsi souligné Rémi Zinck, maire du IVe arrondissement de la ville. Fabien Bagnon, vice-président de la métropole, a lui aussi tiré à boulets rouges sur le médiatique chef d’entreprise. «Quand on commence à parler de vrais Lyonnais, on en arrive rapidement à parler de vrais Français ou de vrais Allemands. Décidément, Jean-Michel Aulas ratisse très très large à droite», a lâché l’élu écologiste.
Une reprise de volée que celui qui est encore vice-président de la Fédération française de football n’a visiblement pas appréciée : «Je suis sidéré. […] Comparer mon attachement aux Lyonnais à une dérive nazie, faire l’amalgame entre l’amour d’une ville et les heures les plus sombres de notre histoire, c’est franchir une ligne rouge. C’est abject, c’est indigne, c’est insultant pour tous ceux qui ont vécu la Résistance», a répondu Jean-Michel Aulas, appelant Grégory Doucet et Bruno Bernard, le président écologiste de la métropole, à réagir. Une demande ignorée par les deux élus.
«Anathèmes à tout-va»
Ce qu’Aulas n’a visiblement pas digéré. Dans un long texte envoyé à la Tribune de Lyon et publié par l’hebdomadaire ce vendredi 1er août, celui qui pourrait mener une liste d’union du centre et de la droite en 2026 balance notamment : «Se taire n’est plus seulement approuver, c’est applaudir. […] Depuis cinq jours, MM. Doucet et Bernard s’abritent sous un silence lâche, là où il n’a fallu que quarante-huit heures à leur collaborateur pour se vautrer dans l’opprobre.» Et Jean-Michel Aulas d’écrire encore : «Ils compensent leur faillite locale en jetant des anathèmes à tout-va : macronisme, trumpisme, extrême droite, nazisme même… Des étiquettes hors-sol, agitées pour esquiver la réalité de leurs échecs, et discréditer ceux qui leur résistent démocratiquement.» «Lyon n’oubliera pas ce silence coupable. Moi non plus», conclut le texte.
La séquence aura, en tout cas, permis à l’ex-président lyonnais de ne pas se faire oublier avant une rentrée qui s’annonce mouvementée dans la préfecture du Rhône, à quelques mois des municipales auxquelles Grégory Doucet a déjà annoncé se représenter. Dans l’affaire, Jean-Michel Aulas aura également engrangé un nouveau soutien. «Bravo président, j’adhère totalement à l’idée que les politiciens sont au service de leurs électeurs et pas l’inverse», a écrit sur X l’ancien joueur de l’OL et sélectionneur de l’équipe de France reconverti consultant, Raymond Domenech.