L’art de la répétition. La présidente (Renaissance) de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, redit son envie d’introduire une dose de proportionnelle aux prochaines élections législatives. «Avec la proportionnelle, l’Assemblée ressemblerait davantage aux Français. Les forces politiques seraient mieux représentées dans leur diversité», défend ce vendredi 22 mars l’élue des Yvelines, dans un entretien accordé au Figaro. La présidente du Palais-Bourbon évoque la nécessité d’un «retour de la confiance» entre les citoyens et leurs élus.
Début mars, sur le plateau de France 2, Yaël Braun-Pivet avait déjà plaidé pour l’instauration d’une «forte dose de proportionnelle», de l’ordre de «25 ou 30 %» des députés. «Il faut avancer très clairement sur cette question», arguait-elle, rappelant que la proposition était inscrite «noir sur blanc dans les engagements présidentiels de 2017». Candidat à sa réélection cinq ans plus tard, Emmanuel Macron s’était même dit prêt à aller jusqu’à une proportionnelle intégrale. Allié à Renaissance, le Modem plaide également depuis plusieurs années pour ce mode de scrutin, expliquant qu’il permettrait d’aboutir à une Assemblée nationale plus représentative.
Auprès du Figaro, elle précise les contours de sa proposition. «Comme au Sénat, les parlementaires seraient élus sur des listes à la proportionnelle, dans les départements les plus peuplés – ceux où sont élus onze députés ou plus. Ailleurs, le scrutin majoritaire serait maintenu. Au total, 152 députés sur 577 seraient désignés à la proportionnelle, soit 26 % d’entre eux.»
Sur la méthode, Yaël Braun-Pivet entend mettre le sujet sur la table, en discuter avec les chefs de file de la majorité, puis «consulter» les présidents de groupes parlementaires et de partis politiques. «Si nous réunissons une large majorité, nous aurons la capacité de déposer un texte de loi ordinaire – soit via un projet de loi du gouvernement, soit via une proposition de loi, que j’espère transpartisane.» Quant au calendrier, la députée aimerait aboutir «d’ici au début de l’année 2025».
L’instauration d’une dose de proportionnelle a été mise en place une seule fois sous la Ve République, en 1986. La mesure figurait dans le programme présidentiel du candidat socialiste François Mitterrand. Le 16 mars 1986, la majorité RPR-UDF remporte les élections. Jacques Chirac entre à Matignon, et inaugure la cohabitation. Une première. Le Front national envoie, lui, 35 députés à l’Assemblée. Le retour au mode de scrutin majoritaire ne l’a pas empêché, trente-six ans plus tard, d’en faire élire 89.