A maintes reprises, en mars 2022, durant les semaines qui ont suivi l’avancée des troupes russes sur le territoire ukrainien, Yannick Jadot, à l’époque candidat à l’élection présidentielle, avait tancé TotalEnergies. La raison : malgré la guerre, la poursuite de l’activité en Russie du groupe français. L’élu de Paris est attendu mardi 25 mars devant le tribunal correctionnel de la capitale, poursuivi en diffamation par le groupe qu’il avait accusé d’être «complice de crimes de guerre».
Face aux sorties du sénateur, le PDG du géant pétrolier, Patrick Pouyanné, s’était immédiatement indigné : «Quand M. Jadot accuse les 100 000 salariés de Total (de crimes de guerre, ndlr), c’est gravissime, c’est une insulte».
Interview
TotalEnergies avait annoncé le lancement de poursuites contre des «propos inacceptables», «extrêmement graves et infondés», Yannick Jadot accusant de son côté le groupe de vouloir le «faire taire». En raison de cette procédure, l’élu, rapporteur d’une commission d’enquête sur TotalEnergies, avait dû se «déporter» des questions relatives à la Russie.
Une suspension progressive de certaines activités en Russie depuis fin 2022
TotalEnergies était avant le conflit en Ukraine l’un des groupes français les plus exposés en Russie en matière d’énergie. Il avait annoncé fin avril 2022 un «début de repli», et quatre mois plus tard la suspension progressive de ses activités en Russie pour «celles qui ne contribuent pas à l’approvisionnement énergétique du continent» européen.
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Le groupe avait également été visé par une plainte pour complicité de crime de guerre, déclarée irrecevable. Elle émanait d’une association bordelaise, Darwin Climax Coalition, et ukrainienne, Razom We Stand, qui reprochaient à TotalEnergies d’avoir continué à exploiter un gisement en Russie après le début de la guerre en Ukraine, ce qui aurait permis de fabriquer du carburant utilisé par l’aviation militaire russe.
Les plaignants rappelaient dans le détail que TotalEnergies détenait jusqu’à septembre 2022 49 % de la coentreprise Terneftegaz, qui exploite le gisement de Termokarstovoïe, dans le grand Nord russe. Or, selon Le Monde et Global Witness, le champ Termokarstovoïe a fourni du gaz à une raffinerie qui en a fait du carburant ensuite expédié pour alimenter les avions russes engagés dans le conflit en Ukraine, au moins jusqu’en juillet 2022.
Le géant français de l’énergie avait assuré à l’époque qu’il ne produisait «pas de kérosène pour l’armée russe», puis précisé avoir trouvé un accord pour céder ses parts, soulignant «conduire ses opérations dans le strict respect de la politique de l’UE et des mesures de sanctions européennes applicables».