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Interview

Zones à faibles émissions : «Il faut aider les automobilistes à prendre conscience de leur addiction»

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Pour le philosophe Thierry Menissier, la mise en place des ZFE nécessite la transformation des mœurs et l’adoption de nouvelles valeurs.
(Wachirawit Jenlohakit/Getty Images)
publié le 23 octobre 2022 à 22h40

Thierry Menissier est professeur à l’Institut de philosophie de Grenoble et responsable de la chaire Ethique et intelligence artificielle. On a échangé avec lui au téléphone pour évoquer les grèves dans les raffineries et la mise en place progressive des Zones à faibles émissions (ZFE) dans les métropoles. Le philosophe a plusieurs casquettes. Il y a le personnel : ses parents possédaient une carrosserie et il est en voie de sevrage de la voiture avec «pas mal de difficultés», rigole-t-il. Il y a le professionnel, et c’est pour cette raison que nous l’avons contacté : parmi ses sujets en philosophie de l’innovation, «les mobilités en transformation sont fondamentales» à ses yeux. Thierry Menissier a également coprésidé le comité opérationnel de la convention citoyenne pour le climat de Grenoble Alpes Métropole. Pour lui, après huit mois de travaux avec des citoyens tirés au sort, les mentalités changent. Une manière de dire qu’il faut prendre le temps. Nous avons poursuivi notre échange par mail après notre première discussion au téléphone.

Une question large d’abord : quelle est la place de la voiture dans la société actuelle ?

La voiture individuelle représente le moyen de mobilité symbolique de la société libérale avancée. Partie des Etats-Unis, comme le chewing-gum et les jeans, elle a conquis le monde et symbolise le mode de vie occidental. Elle consacre un style de vie établit sur une sorte de droit naturel illimité à la mobilité individuelle. Ceci d