Yves Jégo bat la mesure plus vite que le tempo. Le premier vice-président de l'UDI, la formation de centre droit créée par Jean-Louis Borloo, vient d'annoncer ce dimanche dans les colonnes du JDD son soutien à la candidature de Bruno Le Maire pour la primaire du parti «Les Républicains». Une annonce pour le moins prématurée, voire inopportune, alors que le patron des centristes allié à l'ex-UMP, Jean-Christophe Lagarde, député et maire de Drancy (Seine-Saint-Denis), s'interroge toujours sur une éventuelle participation de sa formation à la primaire ouverte de la droite. Et s'en remet, pour sa décision, aux choix des militants réunis en congrès en mars 2016.
Mieux encore, celui qui s’est inscrit au Parti radical valoisien en juillet 2009 après avoir été viré de son poste de secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer sous Sarkozy un mois plus tôt et qui en est aujourd’hui vice-président n’a pas dû entendre le discours de Laurent Hénart, président des radicaux, principale composante de l'UDI. Ce dernier, lors du congrès du plus vieux parti de France la semaine dernière à Aix-en-Provence, appelait les radicaux à présenter une candidature indépendante à la présidentielle et exhortait Jean-Christophe Lagarde à s’y préparer.
«Nous n'avons plus de candidat issu de l'UDI capable de gagner l'élection présidentielle», constate pour sa part Yves Jego, taclant au passage son patron. «Je reconnais ses efforts pour faire de l'UDI un parti qui compte. Mais en 2017, l'UDI ne sera pas au rendez-vous de la présidentielle», assure Yves Jégo, qui appelle les dirigeants centristes à soutenir «un leader qui viendra d'un autre parti». Et pour lui, le meilleur, c'est donc Bruno Le Maire. «A droite, il est aujourd'hui le seul à pouvoir créer la surprise. Si le choc de renouveau bouscule l'ordre de la primaire établi par les sondeurs, ce sera un bouleversement total du paysage politique français, un changement de style, de cap, de génération et une bouffée d'oxygène», assure-t-il, pas en mal d'éloges. Un choix de raison, se justifie-t-il. Selon lui, «les Français aspirent à ce qu'il y ait aux commandes une nouvelle génération. Ils veulent du neuf. Ils réclament de l'air frais. C'est très injuste vis-à-vis des personnalités éminentes qui, depuis vingt ans, ont géré le pays et voudraient continuer… mais c'est une demande que nous devons entendre». A défaut de prouver une loyauté sans faille à la formation à laquelle Jégo adhère, cette démarche montre en tous cas sa capacité à nager dans le sillage de la formation qui pourrait gagner l'Elysée en 2017. Quel que soit le champion qui l'emportera. Une remise dans le circuit, en quelque sorte.