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Droite

Les sarkozystes tentés d'avancer la primaire

Pour restaurer l'autorité de l'ancien chef de l'Etat, ses proches suggèrent d'accélérer la désignation du candidat à la présidentielle.
Rochefort, le 8 décembre 2015. Nicolas Sarkozy au meeting de la candidate Virginie Calmels (Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente) pour Les Républicains (LR). (Photo Xavier Leoty. AFP)
publié le 11 décembre 2015 à 7h47

Parce que «ça ne peut plus durer», plusieurs dirigeants de LR suggèrent d’avancer l’élection primaire qui doit désigner le candidat de la droite et du centre à l’élection présidentielle. L’idée serait d’avancer de six mois le rendez-vous initialement fixé au 20 novembre 2016. Les députés Eric Ciotti et Christian Jacob pourraient mettre la question sur le tapis dès lundi, lors du bureau politique convoqué par Nicolas Sarkozy après le deuxième tour des régionales. Le sujet est explosif. Les sarkozystes semblent y être favorables, les entourages d’Alain Juppé et de François Fillon sont très prudents, les proches de Bruno Le Maire ne veulent pas en entendre parler.

Dans l’entourage de l’ancien chef de l’Etat, on prétend que la contre-performance de l’alliance UDI-LR au premier tour des régionales serait la conséquence de l’absence de leadership incontesté à droite. En compétition permanente avec Juppé, Fillon et Le Maire, Sarkozy serait sans cesse contesté ou contredit à cause de cette primaire qui sape sa légendaire autorité naturelle. Selon le fidèle sarkozyste Eric Woerth, c’est aussi cela que les électeurs auraient sanctionné dimanche en plaçant le FN en tête dans six régions.

«La ficelle est énorme»

Or cette situation risque de durer encore un an, jusqu'à l'élection de novembre. «Impossible, martèle Ciotti, on ne peut pas tenir si longtemps dans ce climat.» Selon lui, le scrutin doit avoir lieu avant l'été, pour qu'il n'y ait plus qu'un chef et un seul . C'est aussi l'avis que Jacob, chef de file des députés LR, a défendu mardi lors d'un déjeuner avec des parlementaires. Selon un député, la majorité du groupe LR à l'Assemblée pourrait se prononcer en faveur d'une telle mesure.

Elle risque pourtant de se heurter à de très vives contestations. «S'ils essaient de changer les règles de la primaire, c'est le parti qui risque d'exploser» confie un proche de Le Maire. Selon lui, «la ficelle est énorme». Une primaire précoce aurait de bonnes chances d'être une primaire au rabais. Il semblait en effet admis, en se basant sur l'expérience socialiste de 2011, que pour être à la hauteur des ambitions affichées - mobiliser plus de 3 millions de votants dans 10 000 bureaux de vote - il fallait compter une bonne année d'organisation. Or, de l'avis général, la droite a déjà pris du retard, notamment parce que la direction du parti LR n'a toujours pas signé la convention financière qui doit donner à la haute autorité chargée d'organiser la primaire les moyens de se mettre au travail en toute indépendance. Les amis de Juppé, Fillon et Le Maire redoutent par-dessus tout une primaire bâclée qui mobiliserait bien moins d'électeurs que prévu. Ce qui pourrait bénéficier à l'ancien chef de l'Etat, toujours populaire auprès du noyau dur des militants.

«Dans une démocratie normale, il aurait dû démissionner»

D'où la méfiance de beaucoup de responsables de la droite. «Sarkozy est revenu pour faire reculer le FN. On a vu le résultat. Dans une démocratie normale, il aurait dû démissionner après ce 6 décembre. Il est dans le déni complet. La défaite, c'est toujours la faute des couillons qui ne l'auraient pas écouté. Comme toujours quand il dérape, il va en conclure qu'il faut accélérer» s'emporte un membre du bureau politique.

A trois jours du deuxième tour des régionales tous les chefs de la droite protestent que ce débat sur la date de la primaire n’est pas d’actualité. Pourtant, dans les états-majors des candidats à la primaire, on en aura beaucoup parlé dans cet entre deux tours.

Les plus embarrassés sont les soutiens d’Alain Juppé. Car le maire de Bordeaux avait plaidé, dès 2014, pour une primaire au printemps 2016. Il lui avait été répondu que c’était une très mauvaise idée qui plaçait le candidat désigné dans un interminable faux plat avant le début de la campagne présidentielle début 2017. A l’inverse, le vainqueur d’une primaire organisée fin novembre, peut enchaîner directement avec la présidentielle et profiter d’une dynamique favorable qui fit ses preuves en 2012 dans la campagne de François Hollande. Un proche de Juppé confie que le changement du calendrier de la primaire ne peut-être envisagé que s’il fait consensus et si la haute autorité garantit qu’elle peut faire en six mois ce que douze mois suffisaient à peine à réussir.