Pour le lancement de sa campagne, Jean-François Copé a soigné le décor. Sous un radieux soleil d'hiver, il avait réuni samedi quelques centaines de ses sympathisants au pied de «la liberté éplorée», monument érigé non loin de Meaux dans les années 30 pour commémorer la bataille de la Marne. Gravée sur le socle, on y lit ces mots du maréchal Joffre : «Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer.»
Grand amateur de métaphores guerrières, le candidat Copé invite ses troupes à s'inspirer du glorieux exemple des poilus. Lancé samedi sur son compte Twitter, le hashtag #OnNeReculePlus doit servir de signe de ralliement à ses sympathisants. Interrogé par Libération, un copéiste repenti ne cache pas son scepticisme : «Il est complètement à côté de la plaque. Ce slogan qui parle de recul… Quelle erreur ! Le marketing commande de proscrire toute expression négative, il devrait le savoir.» Selon ce député LR, c'est une règle d'or bien connue des professionnels : on ne vend pas une voiture en jurant qu'elle ne tombera pas en panne…
#Meaux, là ou tout a commencé et là où, aujourd'hui, tout commence ! #JFC2016 #OnNeReculePlus pic.twitter.com/1AgVOkxTuo
— Jean-François Copé (@jf_cope) March 12, 2016
Pas sûr de faire le plein de parrainnages
Et d'ailleurs, qui serait prêt à «se faire tuer» pour Copé plutôt que de reculer ? Aura-t-il seulement les parrainages de 250 élus dont 20 parlementaires qui lui permettront de participer à la primaire ? Interrogé sur ce point samedi sur France 3, il a assuré que «pas moins de 150 maires» et «pas très loin d'une trentaine de parlementaires» auraient promis de le soutenir. A l'Assemblée nationale les sarkozystes assurent que Copé bluffe. Selon leur propre pointage, pas plus d'une douzaine de parlementaires seraient prêts à le parrainer. Difficile à vérifier. Mais il est vrai que le maire de Meaux n'est plus certain du soutien de ses fidèles alliés d'autrefois : le député LR des Bouches-du-Rhône Bernard Reynès, hôte fidèle de la grand-messe annuelle des copéistes de Châteaurenard, assure par exemple qu'il n'a pas fait son choix.
Par nature, le député est prudent. Il ne veut surtout pas s’attirer des ennuis qui risqueraient de compromettre sa réélection. Or, les relations du maire de Meaux avec Sarkozy sont si détestables qu’un soutien au premier peut être assimilé à une déclaration de guerre au second. De quoi refroidir bien des ardeurs copéistes… On ne recule pas : on se planque.