«Aucun changement ne sera crédible si on ne commence pas par changer les comportements de la classe politique» : ainsi débute la grande tirade du renouveau, répétée soir après soir par Bruno Le Maire. A chaque réunion publique, un sympathisant bienveillant l'interroge à ce sujet. A tous les coups, son réquisitoire contre les privilèges de ses pairs déclenche des acclamations.
«Scud»
C'est «le» marqueur qui a permis à «BLM» de se constituer un petit trésor électoral. «On touche là au point de divergence essentiel avec mes concurrents,dit-il à Brest. Personne d'autre ne veut obliger les responsables politiques à démissionner de la fonction publique, personne ne propose de limiter à trois le nombre de mandats successifs, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ne sont pas favorables à l'interdiction du cumul.» Cerise sur ce gâteau, le candidat promet de réduire considérablement le nombre de parlementaires : 400 députés et 210 sénateurs, contre 577 et 348 aujourd'hui. «Mais comment ferez-vous ? Les résistances seront si fortes», s'inquiète une militante bretonne. «Cela ne m'a pas échappé. Tous les mardis, à l'Assemblée nationale, je me prends des Scud par des collègues irrités par ma supposée démagogie», répond le député. Sa solution, la consultation populaire : «Ce sera la première décision que je prendrai en 2017. Un référendum aura lieu au moment du second tour des élections législatives sur le renouvellement de la classe politique et l'amélioration de la vie politique française.» Bruno Le Maire n'oublie jamais de préciser qu'il a démissionné de la haute fonction publique. Contrairement à la plupart de ses collègues énarques engagés comme lui dans une carrière d'élu, il ne pourrait pas «réintégrer son corps d'origine» (la diplomatie) en cas de retraite politique. «En France, le pouvoir est confisqué par une élite administrative. Il faut en finir avec ça», affirme-t-il.
«Défroqué»
C'est justement parce qu'il en est un pur produit qu'il s'estime particulièrement bien placé pour dynamiter le système de l'intérieur. «Enarque défroqué», comme il se définit lui-même, il se fait fort de «réinventer la classe politique française». Pour en finir avec «le mélange des genres entre politique et administration»,Bruno Le Maire prône la transformation de l'ENA en une «école d'application» pour hauts fonctionnaires, sur le modèle de l'Ecole de guerre pour les officiers. A Saint-Brieuc, le 15 avril, le cumulard LR Alain Cadec, député européen et président du conseil départemental des Côtes-d'Armor, écoute sans broncher ce discours. «Démago mais efficace», glisse-t-il à Libération, tandis que l'homme du renouveau savoure les applaudissements.
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