Dans l’indifférence générale, la machine «BLM» s’est mise en route dès l’été 2012. Quelques semaines après la défaite de la droite, alors que Nicolas Sarkozy est censé s’être retiré et que personne n’imagine un retour d’Alain Juppé, Bruno Le Maire fait savoir qu’il entend être candidat à la présidence de l’UMP. Les militants le connaissent à peine. Il se lance, avec une poignée de soutiens historiques, dans la collecte des quelque 8 000 parrainages, qu’il ne parviendra pas à réunir. Qu’importe. Ce sera le début de sa longue marche.
Si Le Maire arrive à ses fins, l’histoire retiendra que la guerre Copé-Fillon aura été pour lui, fin 2012, une chance historique. Alors que l’UMP est au bord de la scission, il aura l’habileté de rester en dehors du psychodrame. Seule une poignée de parlementaires le soutient alors, les trois historiques : les députés Laure de La Raudière et Thierry Solère, et le sénateur Gérard Cornu. Ils sont aujourd’hui plus d’une trentaine.
Fin 2012, un noyau dur se structure autour de Jérôme Grand d'Esnon, le stratège de la bande. Cet ex- RPR passé par la mairie de Paris est un apparatchik cynique et dur en affaires. Formé à l'école Chirac, il ne jure que par le terrain et travaille main dans la main avec son clone normand, le jeune président du conseil général de l'Eure, Sébastien Lecornu. Ensemble, ils ont bâti une organisation quasi militaire. A l'état-major parisien, rue de Seine (VIe arrondissement), chaque grande région a son responsable qui sert de contact aux référents dans les départements et dans les circonscriptions. Pour préparer et coordonner les incessants déplacements (deux par semaine en moyenne), Le Maire s'appuie sur deux ex-piliers de l'équipe Sarkozy : Dimitri Lucas, responsable des relations presse, et Maxime Costilhes, chef de cabinet.
Le candidat a confié à un ami d'adolescence, Alain Missoffe, la collecte de fonds pour son microparti, «Avec BLM». Naturellement bien introduit dans le milieu des chefs d'entreprise, cet héritier de la dynastie Wendel obtient manifestement de bons résultats. Le 5 mars, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le grand meeting de lancement de la candidature a coûté près de 160 000 euros. Missoffe s'estime «bien parti» pour réunir d'ici à la fin de l'été les 2 millions d'euros nécessaires au financement de la campagne pour la primaire.
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