Électeurs de gauche, cochez ces dates dans votre agenda : les 22 et 29 janvier 2016, le Parti socialiste et ses amis de la «Belle alliance populaire» (BAP) organiseront donc une primaire pour désigner leur candidat à la présidentielle de 2017. Samedi, les délégués du PS réunis en conseil national à huis-clos à la Maison de la Chimie à Paris ont voté à l'unanimité une résolution consacrant le principe de cette désignation, comme en 2011, ouverte à l'ensemble du «peuple de gauche». Si, début janvier, il se déclare candidat à sa réélection, François Hollande, devra donc en passer par un premier round. Ce serait «faire preuve de modernité que d'accepter somme toute de remettre en jeu son mandat, a déclaré le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis face à la presse. Je ne sais pas si Hollande sera candidat [...] S'il le faisait, cela aurait dû panache». Les candidatures seront ouvertes le 1er décembre et clôturées quinze jours plus tard.
Alors qu'il avait laissé entendre dans la semaine qu'il pourrait convoquer un «congrès extraordinaire» pour se passer de primaire, Cambadélis a ainsi surpris son monde, vendredi, en annonçant dans Libération (édition du samedi 18 juin) vouloir organiser une primaire, Hollande compris. A la maison de la chimie le numéro 1 du PS pousse même jusqu'à laisser la porte ouverte aux communistes et à Europe Écologie - Les Verts si «dans un sursaut unitaire» ils «revenaient» vers une «primaire de toute la gauche». Dans les travées un responsable socialiste décrypte ainsi la manœuvre de son patron : «Soit Hollande n'y va pas, et Camba a son processus de sélection. Soit il y va, et alors c'est une façon pour lui de se recrédibiliser». «Ce n'est pas non plus mauvais pour les vallsistes. Ça piège Macron», ajoute ce même élu.
Ultra-fidèle de Hollande, la sénatrice des Pyrénées-Atlantique, Frédérique Espagnac est toute ravie de voir la solution qu'elle défend «depuis janvier» auprès du Président être votée par ses camarades. Pour elle, cette primaire peut être l'occasion pour le sortant d'une «grande explication» avec son camp avant le combat face à la droite et l'extrême droite. N'a-t-elle pas peur qu'il prenne le risque d'être battu dans son propre camp ? «A quoi cela servirait-il que François Hollande se présente à une présidentielle s'il n'est pas capable de gagner une primaire ?» rétorque-t-elle.
«Hollande n'est plus un candidat mécanique»
Du côté des opposants internes au chef de l'Etat, on alterne entre satisfaction de voir l'une de leurs revendications acceptée et méfiance sur les conditions d'organisation de cette primaire décidée très tard. «Nous sommes satisfaits que le PS s'engage dans la direction d'une primaire, fait valoir le frondeur Laurent Baumel. Ils actent le fait que François Hollande n'est plus un candidat mécanique ou naturel.» Soutien d'Arnaud Montebourg, le député d'Indre-et-Loire réclame ainsi une désignation «loyale, sincère, utile». «Si elle est loyale, organisée de telle façon qu'elle ne soit pas biaisée, oui, il n'y a pas de raison pour Arnaud de s'y dérober», poursuit Baumel. Attentif aux prochaines décisions du «comité d'organisation de la primaire» déjà constitué et présidé par Christophe Borgel, proche de Cambadélis, le député demande à ce que cette primaire ait les mêmes règles que celle de 2011. Devant le presse le chef du PS a enjoint son aile gauche à «ne pas avoir d'inquiétudes», tout en convenant que compte tenu des difficultés rencontrées par son camp et les délais d'organisation rapide de l'exercice, «il n'y aura pas autant de votants qu'en 2011». «Quand il y a Cambadélis, il faut se méfier, il y a toujours un loup quelque part. En même temps, c'est ce qui fait son charme !» plaisante l'eurodéputé Emmanuel Maurel.
De ce côté-ci du PS, ils sont déjà nombreux à avoir plus ou moins fait savoir depuis plusieurs mois qu'ils seraient candidats en cas de primaire: la sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienemann est déjà partie. Gérard Filoche se tient prêt. L'ex-ministre Benoît Hamon aussi et Arnaud Montebourg, en distance avec le PS, a lancé son «projet France». «Ils ne sont pas d'accord entre eux», raille un de leurs camarades. Cambadélis ne s'est d'ailleurs pas privé, face aux journaliste de citer l'ensembe des candidats potentiels de sa minorité pour bien insister sur leur manque d'unité. «Il y aura un travail à faire pour avoir un seul candidat», promet Baumel. Mais Lienemann ne voudra pas lâcher comme ça : «Pour l'instant, moi j'en suis. Je sais où je vais. Eux hésitent, attendent». Un de leurs responsables les met en garde contre leur divisions chroniques : «Si on veut que les choses changent, il faut un seul candidat, dit-il. On va mûrir tout ça gentiment cet été». Et se donner rendez-vous à la rentrée.