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Libération
Douche froide

Présidentielle : Hulot renonce, ce que ça change pour les écologistes

Pour EE-LV qui comptait sur lui pour 2017, la non-candidature de Nicolas Hulot ouvre le débat interne sur l'organisation d'une primaire.

Nicolas Hulot, le 31 mai à Nantes. (Photo Stéphane Mahe. Reuters)
Publié le 06/07/2016 à 12h03

Ils en avaient fait leur messie. Celui qui allait les délivrer du piège d'une élection présidentielle qui, à chaque fois, ramène les écologistes dans les bas-fonds électoraux. Celui, aussi, qui leur permettait de se mettre tous d'accord sur un candidat – Cécile Duflot comprise – sans en passer par une primaire mortelle comme celle de 2011 où la majorité des écologistes français s'étaient acharnés contre Nicolas Hulot et en étaient sortis laminés. L'ex-animateur télé a donc annoncé mardi soir, bien plus tôt que prévu, qu'il ne sera pas candidat à la présidentielle de 2017.

«Je ne peux pas […] endosser l'habit de l'homme providentiel et présidentiel. Je ne me sens ni suffisamment armé, ni suffisamment aguerri pour cela», a-t-il expliqué dans un communiqué publié sur sa page Facebook. Hulot avait promis de se prononcer «avant la fin de l'année». Mais à Europe Ecologie - les Verts, on ne s'attendait pas à une décision si rapide. Tout le monde à la direction du parti écologiste pensait avoir au moins l'été pour parfaire le plan A (une candidature Hulot) ou le B (la désignation d'un autre candidat en cas de renoncement de ce dernier).

«Il faut avancer»

«Ça a d'abord été la douche froide parce qu'on ne s'attendait pas à une réponse si tôt, explique Julien Bayou, un des porte-parole d'EE-LV. Mais en même temps, une décision en novembre-décembre n'arrangeait pas nos affaires», notamment pour récolter les 500 parrainages. «Passé la déception, c'est aussi un soulagement : maintenant, il faut avancer», poursuit Bayou. L'inconnue Hulot désormais levée, la direction EE-LV va devoir mettre sur pied un processus de désignation d'un(e) candidat(e) à la présidentielle puisqu'il a été décidé à son dernier congrès de ne pas passer par une primaire de toute la gauche.

La première étape aura lieu ce week-end à Nantes lors d'un conseil fédéral décentralisé. Le «Parlement» du parti doit ainsi débattre d'une «feuille de route» pour une possible désignation en octobre. Le souci : craignant d'afficher de nouvelles divisions après avoir connu en 2015-2016 une succession de départs, dont les têtes d'affiche Emmanuelle Cosse, Jean-Vincent Placé et François de Rugy, la direction d'EE-LV ne veut pas organiser de primaire interne. «On a à coeur de tirer les leçons de 2011», fait valoir Bayou.

Un(e) candidat(e) en octobre ?

Problème : les candidatures sont déjà multiples et celle de l’ex-ministre et femme forte du parti, Cécile Duflot, ne fait pas consensus. L’eurodéputée Michelle Rivasi ou le député de Gironde et ex-candidat à la présidentielle, Noël Mamère (qui n’est plus membre de EE-LV), ont déjà fait part de leur envie de se présenter. Leur collègue au Parlement européen, Yannick Jadot, y songe aussi. Partisane de Rivasi, la députée européenne Karima Delli a annoncé mardi soir sur Twitter la couleur de la rentrée écologiste et la musique qui devrait résonner dans les allées des journées d’été d’EE-LV à Lorient fin août : la bataille pour une primaire.

Dans l'entourage de Duflot, on met en garde ceux qui «veulent faire d'une primaire le match retour du congrès». «La question que les écologistes doivent se poser c'est s'ils sont capables de se concentrer sur le message qu'ils ont à porter dans une présidentielle plutôt que de se diviser à nouveau sur le messager, souligne un proche de la députée de Paris. Il nous faut créer une dynamique collective, comme on avait réussi à le faire avec Europe Ecologie et 2009 et 2010, en mettant en avant tous nos porte-parole naturels. Est-on capable de recréer ça ?» Et l'entourage de Duflot de citer Martin Luther King : «Soit on vit ensemble comme des frères. Soit on crève ensemble comme des imbéciles.»