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Libération
Récit

A Châteaurenard, l'encombrant souvenir de l'alliance Sarkozy-Copé

Ceux qui applaudissent le premier ce jeudi célébraient le second en 2012. Le scandale Bygmalion a tout bouleversé.

Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy au conseil national LR, le 13 février. (Photo Albert Facelly pour «Libération»)
Publié le 25/08/2016 à 18h28

Devant les sympathisants rassemblés ce jeudi soir pour l'entendre à Châteaurenard (Bouches-du-Rhônes), le candidat Sarkozy ne devrait pas oublier de célébrer le bilan du chef de parti Sarkozy. Depuis des semaines, ses lieutenants ne manquent pas une occasion de faire le panégyrique de l'œuvre accomplie ces deux dernières années. S'il est revenu parmi les siens, à la fin de l'été 2014, c'est qu'il n'en pouvait plus de «ces divisions» et de «cette haine» entre copéistes et fillonistes qui «faisaient honte à toute la famille politique». Dans ce registre, la palme revient au maire de Tourcoing Gérald Darmanin. «Il a fait don de sa personne, si l'on peut dire, pour reconstruire notre parti qui était en voie de disparition», expliquait la semaine dernière au Figaro ce jeune élu, tout juste rallié à Sarkozy, avec le zèle des derniers convertis.

Quand Copé se mettait «sur la route» des critiques

Les sympathisants rassemblés ce jeudi sont bien placés pour savoir que cette présentation des faits tient plus de la légende que de la vérité historique. Ces dernières années, beaucoup d’entre eux ont participé, chaque année à Châteaurenard, aux grands meetings de rentrée organisés par Jean-François Copé. Ils se souviennent tous, notamment, du 26 août 2012. Ils étaient près de 2 000, venus acclamer le maire de Meaux, candidat à la présidence de l’UMP avec le soutien enthousiaste de tous les sarkozystes.

Tandis que Fillon s'en démarquait ostensiblement, Copé, lui, faisait solennellement allégeance à l'ex-président. Il promettait de s'effacer si ce dernier décidait de reprendre du service en 2017. Il ajoutait même, sous les acclamations, que ceux qui osent critiquer Sarkozy «doivent savoir qu'ils me trouveront toujours sur leur route». À l'exception de François Baroin, la plupart des barons du sarkozysme présents ce jeudi à Châteaurenard applaudissaient Copé en 2012. Ils l'ont soutenu bec et ongles, y compris dans son combat litigieux contre Fillon. Et chacun semblait se satisfaire de cette présidence qui chauffait la place en attendant le retour de Sarkozy, peu avant 2017.

«Pacifier et rassembler»

Si l'ancien chef de l'Etat a dû revenir dès l'été 2014, c'est uniquement à cause du scandale Bygmalion qui a brutalement sorti Copé du jeu, avant de valoir à Sarkozy une mise en examen… Tout le scénario du retour in extremis en homme providentiel s'en trouvait compromis. C'est donc moins pour «pacifier et rassembler» la famille que pour s'assurer la possibilité d'une troisième candidature à la présidentielle que Sarkozy a repris l'UMP.

Il est exact, cela dit, que la coexistence entre les différentes chapelles de la droite est devenue plus paisible ces deux dernières années. Mais tous les responsables de LR en connaissent la vraie raison. Pour que cette paix soit possible, il a fallu que Nicolas Sarkozy se résigne, contraint et forcé, à laisser à une haute autorité indépendante le soin d’organiser une primaire très largement ouverte à des millions d’électeurs potentiels. Bien plus que le retour de Sarkozy, c’est bien l’accord sur cette primaire qui aura été, en 2014, la condition de la pacification de la droite.