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Primaire EE-LV : Yannick Jadot, l'outsider

Yannick Jadot vainqueur de la primaire EELV pour la présidentielle 2017dossier
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A l'occasion des journées parlementaires d'Europe Ecologie-les Verts à Lorient, portrait des quatre candidats en lice à la primaire interne au parti.
Yannick Jadot, ce jeudi à Lorient. (Photo Vincent Gouriou pour Libération)
publié le 25 août 2016 à 18h19

Une fin de semaine en Bretagne avec les Verts. Ils se retrouvent pour la rentrée et la présidentielle est dans toutes les têtes. Le parti organise une primaire pour départager les prétendants à l’Elysée. Elle devrait se tenir au mois d’octobre. Objectif : débattre sur le fond et éviter la bagarre à ciel ouvert. Ils sont quatre sur la ligne de départ : Cécile Duflot, Karima Delli, Michèle Rivasi et Yannick Jadot. Lorient est l’endroit idéal pour montrer ses muscles et draguer les indécis.

Cejeudi matin, Yannick Jadot se pointe au palais des Congrès de Lorient sous un soleil timide. Il croise Cécile Duflot. Le moment bises et sourires sous les flashs. Puis l'eurodéputé nous tire la manche. Il fait dans l'humour : «Duflot a eu le droit à une nouvelle interview dans Libé : vous avez choisi votre camp.» Le candidat, proche de Daniel Cohn-Bendit, multiplie les «salut, tu vas bien ?». Un collègue écolo le félicite pour ses mots dans l'Obs. Dans un long entretien, il a expliqué que «le paysage politique français, c'est Walking Dead, un film de zombies, des morts-vivants qui, quels que soient leurs échecs, se relèvent toujours pour faire croire que ce sont eux qui ont les solutions». L'homme est en campagne. Et il aime ça.

Grande carrure

On le retrouve à la buvette en début d'après-midi. Yannick Jadot est bavard. Il met en avant son parcours, ses combats, et balance ses arguments pour rafler la primaire. Il dit : «Je ne suis pas marqué par les magouilles politiciennes. Je veux incarner le renouveau de l'écologie et écrire l'histoire de tous les citoyens de France.» C'est beau, sur le papier. L'eurodéputé estime être le meilleur porte-drapeau après le retrait de Nicolas Hulot. On lui parle de l'échec de la primaire de Toutes les gauches qu'il a portée avec, entre autres, Thomas Piketty et Libération. Il renvoie la balle du côté du gouvernement : «La mission était compliquée et le débat sur la déchéance de nationalité comme celui sur la loi travail n'ont pas arrangé les choses», argumente-t-il. Jadot revient à l'essentiel et répète à l'envi qu'il a décroché 42 parrainages (il en faut 36 pour participer à la primaire), comme Cécile Duflot, et que le scrutin doit se dérouler dans le calme : «Si ça se transforme en pugilat, on n'ira pas bien loin en 2017.» En conclusion, il prévient : «J'espère que j'aurai le droit à une interview dans Libé avant la primaire. C'est important pour l'équité.»

On se balade dans les couloirs et on sonde les écolos. Très peu de critiques à l'endroit de Yannick Jadot. Ses supporteurs sont nombreux : parmi eux, il y a notamment les ennemis de Cécile Duflot. Ils se rangent derrière sa grande carrure pour régler leurs comptes. Jadot ouvre la porte à tout le monde. En revanche, il n'a pas les faveurs de la direction d'EE-LV. Certains estiment que «c'est un homme seul dans le parti : il lui manque une équipe solide pour l'accompagner». D'autres «qu'il est important pour le futur d'EE-LV, mais qu'il manque de notoriété et que le parti doit ouvrir le chemin à Cécile Duflot».

Le temps passe. Yannick Jadot a le sourire, comme souvent. Il charrie. Puis précise : «Surtout, il ne faut pas écrire que je suis l'ennemi de Cécile Duflot ou bien que sa défaite serait une défaite pour l'écologie politique. La primaire est un débat de fond sur les idées. Nous avons beaucoup de points communs mais je propose une autre direction, un projet différent.» Il regarde sa montre et s'éclipse. Il participe au débat «2016, année noire pour la politique commerciale de l'union ?». C'est l'heure de convaincre les indécis.