C'est en chef de parti qu'il était venu l'an passé à Châteaurenard, lieu d'une réunion annuelle de LR dans les Bouches-du-Rhône. C'est en candidat à la primaire de droite que Nicolas Sarkozy s'y est présenté cette année pour lancer sa campagne. Avant d'affronter en novembre le vote des sympathisants LR, l'ex-chef de l'État s'est offert jeudi soir aux ovations d'un gymnase bondé et enthousiaste. Livrant un discours musclé autour du triptyque autorité-identité-travail, et distribuant quelques gifles au pouvoir en place, avec son «eau tiède, ses demi-solutions, ses compromis bancals, ses synthèses si subtiles qu'il n'en restera rien».
Ce n'est donc pas de l'eau tiède qu'a servi celui qui promet, lui, de «tout dire avant pour tout faire après». Jeudi soir, Nicolas Sarkozy a coché toutes les cases, balayé tous les sujets susceptibles de séduire un électorat droitier en voie de radicalisation. Pour l'emporter d'abord sur un Juppé moins radical, pour tenter ensuite de prendre le meilleur sur la candidate du Front national. L'autorité ? A rétablir «sur chaque centimètre carré du territoire». Inflation des peines pour les récidivistes. Internat pour les perturbateurs scolaires. Perte des allocations familiales pour les parents qui le refuseraient. Service militaire obligatoire pour les jeunes décrocheurs : «Ils y apprendront le respect de la discipline, la nécessité de se lever tôt chaque matin», promet le candidat Sarkozy.
L'identité ? Elle sera défendue par une «loi d'interdiction sur tout le territoire» du burkini, s'ajoutant à l'interdiction du voile «à l'université, dans les services publics, dans les entreprises». Elle sera soutenue par un coup d'arrêt à l'immigration, avec la suspension du regroupement familial dans l'attente d'une réforme de l'espace Schengen et la suppression de l'aide médicale d'État. Le travail ? On le restaurera à coups de baisse : baisse des impôts, des charges, des dépenses publiques, du nombre de normes, des allocations chômage dans le temps. La seule hausse promise par le candidat Sarkozy est celle de l'âge légal de départ à la retraite, qui serait porté à 64 ans en 2025. «Un monde nouveau s'ouvre à nous», a-t-il conclu. Différent, en tout cas.