Surtout ne pas dire à Jean-Louis Borloo qu’il fait sa rentrée politique. Présent à la réunion des clubs «perspectives et réalités», présidé aujourd’hui par Yves Jégo, le député maire centriste de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), l’ancien ministre de l’Ecologie de Nicolas Sarkozy, barbe négligée de trois jours tendance estivale, fronce un peu les sourcils sans cesser de pianoter sur son smartphone. Un commentaire sur la polémique du burkini, l’entrée en campagne de Nicolas Sarkozy ou le climat global de la vie politique française ?
«N'insistez pas ! Je ne commenterais même pas la météo ! Cela aussi pourrait être interprété, balaye Jean-Louis Borloo, veste sur l'épaule, un brin encore en vacances. Je suis venu parler de l'Afrique. Moi, je suis concentré uniquement là-dessus. Et contrairement à ce que je lis, la fondation pour l'électrification de l'Afrique avance. Il y a trois semaines, nous avons signé à Conakry une convention avec l'Union européenne d'un montant de plus de 40 milliards d'euros. Personne n'en parle en France.»
Celui qui est parvenu à recréer un parti de centre droit en rassemblant les chapelles éparses de cette famille politique y voit le signe «d'une étroitesse d'esprit, de la médiocrité actuelle». Guest star de cette journée estivale des clubs «perspectives et réalités», Jean-Louis Borloo aura contribué à en assurer une partie de son affluence. Et puis il aura pu constater à cette occasion que sa popularité restait forte. Pas seulement auprès de sa famille politique. Sur le débarcadère de l'Ile-aux-Moines, les derniers estivants se poussent du coude à son passage et sortent leurs smartphones pour une photo souvenir. Une cote de sympathie qui, malgré tout, ne convaincra pas Jean-Louis Borloo de rejouer un rôle dans la politique hexagonale.
Yves Jégo : le départ en campagne de Sarkozy, «une napalmisation»
«Ici on ne va pas parler du burkini. On va parler de l'Europe, de l'Afrique et pas de la petite politique politicienne», prévient Yves Jégo, le président des clubs «perspectives et réalités», dans le bateau qui rejoint l'Ile-aux-Moines. Le départ fanfaronnant de Nicolas Sarkozy en campagne interne pour l'élection à la primaire du parti Les Républicains ? «Ce n'est pas un départ en campagne. C'est une napalmisation. Il va vers son électorat le plus dur», poursuit le député de Seine-et-Marne, qui a choisi comme champion Bruno Le Maire.
Une dérive à droite qui ne satisfait pas la famille centriste et qui surtout les laisse un peu désarçonnés. Thierry Benoit, député UDI de l'Ille-et-Vilaine, avoue son désarroi. «En tant que citoyen, je ne sais même pas si je vais aller à cette primaire. D'abord parce que sur le principe, ce système ne me convient pas et qu'ensuite j'ai du mal à trouver un candidat qui me convienne», constate l'élu.
«Les Français demandent du renouveau et ce n'est absolument pas ce qui est en train de se jouer», ajoute Yves Jégo qui, en tant que président de ces clubs créés à l'origine pour apporter le soutien de la société civile à la personnalité de Valéry Giscard d'Estaing, va envoyer un ensemble de 21 propositions à l'ensemble des candidats de l'opposition. «Nous voulons participer au débat politique national en s'appuyant sur notre réseau de clubs sur l'ensemble du territoire pour aller sur le terrain des idées et non sur celui des élections, de la préparation des élections et encore sur celui des querelles de personnes», poursuit Yves Jégo. A croire que les centristes ont voulu le temps d'une journée se mettre en exil de la vie politique hexagonale sur une île…