Effet de souffle ou effet soufflé ? Quelques jours après la tonitruante entrée en lice de Nicolas Sarkozy, de premières enquêtes d'opinion livrent des conclusions contrastées, pour ne pas dire opposées, sur le potentiel du candidat. Publié dimanche dans le Figaro, un sondage TNS Sofres semble donner corps au «blast» prophétisé par les sarkozystes : jusqu'alors distancé par Alain Juppé, leur champion ferait désormais jeu égal, avec 34 % des intentions de vote pour le premier tour. Sarkozy progresse ainsi de quatre points par rapport à juin, tandis que Juppé en perd trois. Un redressement dont se congratulaient d'avance les sarkozystes présents samedi au Touquet pour le campus des Jeunes Républicains - à l'instar d'un Gérald Darmanin comparant son candidat à l'intimidant judoka Teddy Riner.
Dents de scie. Au second tour, Nicolas Sarkozy resterait pourtant battu par Alain Juppé, mais avec un retard de 10 points, contre 22 avant l'été. Un bémol tout de même : ces résultats se basent sur un échantillon de poche, celui des sondés «certains» de se rendre aux urnes en novembre - soit seulement 300 personnes environ. Dans une autre enquête publiée samedi, et basée sur un plus large échantillon, l'institut Odoxa ne concluait qu'à un très léger redressement de Nicolas Sarkozy dans la foulée de son entrée en campagne, mais après un été en dents de scie. Accentuant son avance au second tour, Juppé ferait toujours la course en tête, à en croire Odoxa. Dimanche, dans l'entourage de ce dernier, on restait d'ailleurs de marbre face à un éventuel rebond sarkozyste : «Tout cela était absolument prévisible. Nous étions tellement haut qu'on ne pouvait que baisser à un moment ou un autre», confie un porte-parole.
Patience. D'autres indicateurs, enfin, ne sont guère rassurants pour l'ex-chef de l'Etat. Selon notre enquête ViaVoice, seuls 26 % des sondés jugent que Sarkozy ferait un «bon président», soit le même chiffre qu'en juin. Ce score est même en baisse chez les sympathisants de droite et du centre, passant de 56 % à 52 %. Enfin, selon une enquête de l'institut Elabe réalisée après l'entrée en campagne de Sarkozy, 79 % des Français, dont 54 % des sympathisants de la droite et du centre, ne souhaitent pas le voir redevenir président de la République.
Pour les observateurs, c'est donc la patience qui s'impose dans l'attente de nouvelles enquêtes confirmant ou non le décollage de la candidature Sarkozy. Quant à ce dernier, il semble décidé à cultiver le seul segment qui lui soit acquis : le noyau dur des partisans de LR, un ensemble plus restreint et plus droitier que les «sympathisants de droite et du centre». C'est à destination de ce public que Sarkozy martèle au fil des réunions son triptyque identité-autorité-travail. Pour le mobiliser d'ici à la primaire, mais aussi dans l'espoir de l'élargir à un électorat plus proche du FN. Et sensible à un discours parfois difficile à distinguer de celui du parti lepéniste, au moins sur les questions identitaires et migratoires. Une stratégie qui porte peut-être ses premiers fruits : dans son enquête publiée dimanche, TNS Sofres dit avoir constaté «une plus forte participation d'électeurs proches du Front national, tandis que ceux se réclamant du centre ont été moins nombreux» à vouloir voter en novembre.