Il paraît que les entrepreneurs n’ont pas la vie facile. La carrière a tout de même ses menus plaisirs, a-t-on constaté mercredi à l’université du Medef. Invités à s’exprimer en séance plénière, les principaux candidats à la primaire de droite n’avaient pas assez de mots pour flatter leur public et leur promettre, eux présidents, un nouvel âge d’or patronal. Initiée mardi soir par François Fillon, la grande régalade s’est poursuivie mercredi matin avec Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy – avant l’intervention d’Alain Juppé, prévue en fin d’après-midi.
«L'ère de la technocratie est terminée, s'ouvre l'ère des entrepreneurs», a prophétisé Le Maire, très applaudi par la salle. Applaudissements redoublés une trentaine de minutes plus tard, soit le temps pour le candidat de formuler de généreux engagements. Y figurent notamment la création d'«emplois rebond», ouvert aux chômeurs les plus éloignés du marché du travail : ceux-ci pourront être momentanément payés en dessous du Smic. «Vous pourrez renouveler les CDD autant de fois que vous le voulez», a aussi promis le troisième homme de cette primaire, ajoutant à la corbeille un plafonnement des indemnités prud'homales ou encore la suppression du «compte pénibilité».
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Les cadeaux suivants sont sortis de la hotte de Nicolas Sarkozy, objet d’un traitement tout particulier de la part de l’organisation. Alors que la parole des autres intervenants était minutée et interrompue par un gong, l’ex-président s’est vu dispensé de cette contrainte, sans doute jugée indigne de son standing. Mis à l’aise par ce dispositif, le candidat a pu développer en toute liberté un programme prévoyant notamment la suppression du principe de précaution, l’abandon de toute norme supérieure à la moyenne européenne ou encore l’entrée de la «réorganisation interne» parmi les motifs légitimes de licenciement collectif. Objet d’une intense curiosité à son entrée en scène, Nicolas Sarkozy a toutefois suscité des applaudissements plus modérés que son prédécesseur.
«Toujours un quart de la salle qui nous gueule dessus»
Entre les deux candidats à la primaire de droite, c'est à Jean-Marie Le Guen qu'est revenue la délicate mission de défendre le bilan du gouvernement. Une tache dont le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement s'est laborieusement acquitté, devant un public sans chaleur. Ce dernier l'a même copieusement sifflé lorsque le socialiste a douté de l'opportunité de coupes massives dans les effectifs de la fonction publique. «C'est comme dans toutes les assemblées de France en ce moment, il y a toujours un quart de la salle qui nous gueule dessus», commentait Le Guen après-coup. Voulant toutefois se convaincre que «beaucoup n'étaient pas dans l'approbation, mais pas non plus dans le rejet».
Accueillant avec faveur cette avalanche de promesse, plusieurs participants interrogés par Libération s'avouaient toutefois incapables de différencier les candidats à la primaire de droite selon leur programme économique. «Les politiques de droite font un peu de social, les politiques de gauche prennent des mesures libérales», jugeait, confus, un jeune expert-comptable. Mercredi, tout le monde parlait pourtant la même langue, celle qui rend les patrons heureux.