Pas question de fourguer «l'identité heureuse» sous le tapis. Caricaturé par Nicolas Sarkozy et ses partisans en candidat naïf et bien-pensant, Alain Juppé ne compte pas renier sa formule. Le maire de Bordeaux compte même faire un mantra de cette expression qu'il a employée pour la première fois en septembre 2014. L'identité, c'est justement le sujet qu'il a choisi pour inaugurer la tournée de meetings régionaux de sa campagne pour la primaire, mardi 13 septembre à Strasbourg.
«Enfoncer le clou»
Devant ses partisans à Chatou (Yvelines), où il faisait sa rentrée le 27 août, Juppé avait déjà répliqué contre «le défaitisme des prophètes de malheur». Mais il veut encore, selon ses mots, «enfoncer le clou». «On n'aura pas l'identité heureuse honteuse !», prévient son entourage. Un membre de son équipe ajoute : «Plus on nous attaquera sur ce point, plus on assumera.» Le thème du discours de Strasbourg a été arrêté il y a près de deux semaines, peu après l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy. Dans le livre qui a officialisé sa candidature, Tout pour la France, l'ex-Président fustigeait le concept cher à Juppé. «Il n'y a pas d'identité heureuse quand des milliers de Français nés en France en viennent à haïr à ce point. Il n'y a pas d'identité heureuse quand les règles de la République sont à ce point bafouées», écrivait Sarkozy qui a, de son côté, érigé l'identité en «premier combat» de sa campagne.
Que va donc faire Juppé sur le terrain de son principal concurrent ? «On ne va pas donner le sentiment de cacher l'identité heureuse», assure son lieutenant Benoist Apparu. Le fait d'aborder la question à Strasbourg, «dans une région atypique sur le sujet de la laïcité, n'est pas non plus anodin, ajoute le député (LR) de la Marne. Il y a une diversité de situations en France : est-ce qu'on se sent moins en République en Alsace-Moselle qu'ailleurs ? On ne le pense pas. Pareil pour la Bretagne, le Pays basque ou la Corse. Vivre dans un territoire très identitaire n'empêche en rien de se sentir Français.»
Réunions thématiques
S'il y trouvera à nouveau l'occasion de marquer sa différence, préférant, lui, parler d'«intégration» plutôt que d'«assimilation», Juppé s'enorgueillit de ne pas cantonner sa campagne aux seules questions de l'identité et de la place de l'islam. D'ici à l'élection de la primaire qui se tiendra les 20 et 27 novembre et outre une tripotée de déplacements, il devrait tenir une dizaine de grandes réunions publiques, pour la plupart thématiques. En bonne place, figureront l'éducation et l'économie et le social, qui ont fait l'objet de deux livres programmatiques du candidat à la primaire, Mes chemins pour l'école et Cinq ans pour l'emploi. Juppé doit faire paraître un dernier livre, ce vendredi, en version numérique cette fois. Plus court et plus personnel, ce quatrième ouvrage, est intitulé De vous à moi, comme le révèle ce mardi BFMTV. L'ex-Premier ministre y revient sur son parcours et les raisons de sa candidature.