Je vais bien, tout va bien. Un jour après que le parquet a requis son renvoi devant la justice dans l'affaire Bygmalion, Nicolas Sarkozy a fait semblant de rien ou presque. En déplacement dans les Yvelines pour présenter son programme en matière d'éducation, le candidat à la primaire de droite ne s'est autorisé qu'une brève remarque sur sa situation.
16 heures : s’afficher serein
C'est à l'heure de la récréation que l'ex-chef de l'Etat arrive à l'école primaire Jean Jaurès, à Orgeval. Flanqué du député local David Douillet, et sans un mot pour la presse : assailli par les écoliers, Nicolas Sarkozy signe les cahiers de texte, multiplie les photos et les tapes sur l'épaule. L'heure suivante est consacrée à une table ronde avec les enseignants et les élèves. L'occasion de dérouler un programme scolaire centré sur la notion d'autorité : parce que «cinq ou six individus suffisent à détruire une école», le candidat propose la création d'internats à l'encadrement renforcé, où seraient dirigés les mauvais sujets. En cas de refus de leurs parents, ceux-ci verraient leurs allocations familiales suspendues. Au programme également, la création de classes de «CP+», un niveau intermédiaire entre CP et CE1 pour les élèves qui ne maîtriseraient pas la lecture après leur première année d'école primaire. Mais aussi une augmentation de 25% du temps de présence des enseignants dans l'établissement, en contrepartie d'une augmentation de leur rémunération.
18 heures : choyer ses partisans
«Hollande non merci, ici c'est Sarkozy !». Devant la salle Blanche de Castille à Poissy, une grosse centaine de personne reprend ce slogan pour tromper l'attente. Beaucoup ont à la main Tout pour la France, le dernier ouvrage de leur champion, dont ils viennent recueillir la signature. Stylo en main, celui-ci enchaîne les dédicaces, remercie chacun de ses soutiens et ne refuse aucun selfie. C'est peu dire que, dans le public, les péripéties judiciaires du candidat ne troublent personne. «Rien ne changera dans le timing de sa campagne, assure un proche de Nicolas Sarkozy hors de la salle. Cela le renforce chez ceux qui l'aiment, et qui le voient en victime ; cela renforce sans doute aussi ceux qui ne l'aiment pas. Et puis il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est en difficultés.»
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19 heures : répliquer, mais pas trop
«Aucune polémique, aucune manœuvre, aucune manipulation, aussi honteuse soit-elle, ne me détournera de ma volonté de construire l'alternance». Au début de son meeting, c'est d'une seule phrase que Sarkozy évoque la péripétie de la veille. Le candidat s'exprime devant 200 à 300 sympathisants dans une salle polyvalente de Poissy – loin des standards de la campagne de 2012, dont la démesure pourrait valoir un procès à l'ancien président. Le reste du discours devait être consacré à l'éducation. Au juste, à travers sa vision de l'école, c'est surtout d'identité et d'autorité dont aura parlé Nicolas Sarkozy. Décrivant un pays «submergé par la tyrannie des minorités» ; défendant une «tolérance zéro pour le communautarisme» à l'école» ; refusant que «l'on fasse de la mémoire du peuple français un fatras, une bouillie» ; fustigeant l'«idéologie dévastatrice de l'égalitarisme et du nivellement généralisé». C'est clair : justice ou pas, la campagne Sarkozy continue comme avant.