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Libération
Récit

Copé promet «la rupture que Nicolas Sarkozy n'a pas faite»

En meeting au Cannet, le candidat à la primaire de la droite a évité de critiquer trop frontalement Sarkozy devant les militants mais s'est montré plus offensif devant la presse.
Jean-François Copé au Cannet, dimanche. (Photo Valéry Hache. AFP)
par Mathilde Frénois, (au Cannet)
publié le 11 septembre 2016 à 19h26

Il aura fallu attendre plus de treize minutes pour que Jean-François Copé ne décroche sa première banderille en direction de Nicolas Sarkozy. Si le candidat à la primaire à droite a choisi de lancer sa campagne au Cannet (Alpes-Maritimes), ville de son principal soutien, la maire Michèle Tabarot (LR), il reste en terrain miné. Cette terre de droite a massivement voté Nicolas Sarkozy en 2007 et 2012. Ce dimanche midi, sous les chapeaux de paille distribués gratuitement et estampillés du nom de Copé, les militants LR ne sont pas tous prêts à voter pour lui : «Jean-François Copé n'est pas ma tasse de thé, se lâche Yvette sous son parapluie qui lui sert de parasol. J'ai voté Sarkozy en 2012 et je compte faire pareil en 2017.»

Pendant le discours, à l'évocation du bilan de la droite, Yvette fait le choix de «ni applaudir, ni huer». Sylvie, un drapeau français coincé dans le canotier, a décidé qu'elle se lèverait à l'arrivée de Jean-François Copé : «J'hésite encore entre les différents candidats, explique-t-elle en se frayant un chemin jusqu'à l'une des tables les plus proches de la scène. S'ils se tirent un peu dans les pattes, c'est une bonne chose. Les critiques nous aideront à choisir.» Yvette modère : «Je suis venue en solidarité avec madame le maire. Je reste fidèle à la droite mais il ne faut pas qu'il en fasse trop [contre Nicolas Sarkozy]. Il ne faut pas qu'il aille trop loin.» Ne pas aller trop loin, Jean-François Copé l'a bien compris. Le nom de l'ancien chef de l'Etat n'apparaîtra que deux fois dans son discours. Autrement, il y fera simplement référence : «Il est un colosse qui dispose de tous les pouvoirs et de tous les moyens, un colosse réputé invisible, lance-t-il. Ceux-là ont oublié la belle histoire de David contre Goliath. Il est des colosses dont les pieds sont en argile.»

«Je suis le cinquième élément»

Pour le reste, pour son premier discours de campagne, Jean-François Copé campe sur les terres de la droite décomplexée, promettant notamment la suppression du droit du sol et l'interdiction du port du voile dans les établissements publics. Il veut aussi «réarmer la France» avec le recrutement de 50 000 policiers, gendarmes, militaires, magistrats, en prônant la fin de l'emploi à vie dans la fonction publique.

Plus tôt dans la matinée, devant la presse, Copé tenait un discours plus virulent envers son ancien mentor. Pas encore assis dans le café où il avait donné rendez-vous aux journalistes qu'il lance ses premières piques : «Je veux faire la rupture en 2017 que Nicolas Sarkozy et avec lui Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire n'ont pas faite et pour lesquels ils ont été battus, dit-il en marchant dans le centre historique du Cannet. Il y a une bande de quatre depuis le début de l'étape. Je suis le cinquième élément de l'histoire.» Jusque dans son slogan  «On ne recule plus», Jean-François Copé continue ses références. «Nicolas Sarkozy a dit : "la République a reculé." Mais non, ce sont les présidents de la République qui ont reculé.»

Paëlla

Face aux militants, la position est moins assumée. Pourtant, Michèle Tabarot avait tout prévu pour rassembler du monde autour de son candidat préféré. Premiers attablés sous un brumisateur, Rayane et ses copains attendent la paëlla prévue pour midi avec plus d'impatience que le discours : «C'est la chargée des jeunes du Cannet qui nous a dit de venir manger. On est de droite mais on ne sait pas encore pour qui voter.» Rayane s'est assoupi pendant le discours. Copé n'en est qu'à l'aube de sa campagne.