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Libération
Souvent député varie

Du Rassemblement-UMP à la primaire de la droite, Fillon perd ses troupes

En novembre 2012, 73 députés suivaient François Fillon dans un groupe parlementaire dissident, en pleine guerre fratricide contre Jean-François Copé. Quatre ans plus tard, moins de la moitié ont parrainé l'ancien Premier ministre pour la primaire.

Fais pas cette tête, François. (Photo Fred Tanneau. Afp)
Publié le 14/09/2016 à 15h35

Automne 2012, il y a quatre ans, l'UMP est en plein psychodrame. Jean-François Copé a remporté la rocambolesque élection à la présidence du parti, mais François Fillon refuse de s'avouer vaincu et fait tout pour obtenir gain de cause. Le 27 novembre, il réussit l'un de ses meilleurs coups en créant un groupe dissident à l'Assemblée nationale : le Rassemblement-UMP (R-UMP), fort de 73 députés, et présidé par lui-même.

L'aventure ne durera pas longtemps, les camps Copé et Fillon finissant par se mettre d'accord moins de deux mois plus tard sur une répartition des postes à l'UMP, actant de fait la mort du R-UMP, dissout le 16 janvier 2013 (voir tous nos articles sur le sujet). Mais l'épisode a marqué, et une photo en restera le symbole :

Photo : Fred Dufour. AFP

Eric Ciotti, Laurent Wauquiez, Christian Estrosi… un simple coup d'œil sur les personnes qui entourent immédiatement François Fillon sur cette photo permet de mesurer combien les choses ont pu changer en quatre ans. Les trois sus-cités viennent de parrainer Nicolas Sarkozy pour la primaire de la droite (20 et 27 novembre prochains). Ce qui donne envie de savoir pour les autres… Le résultat n'est pas forcément très glorieux pour François Fillon : sur les 73 députés qui avaient fait la démarche de prendre clairement position pour lui face à Jean-François Copé à l'époque, moins de la moitié (34) l'a parrainé pour cette primaire de la droite.

La faute en revient principalement à Nicolas Sarkozy, qui a vu 17 députés revenir au bercail à son «retour» en politique : Ciotti, Estrosi et Wauquiez, on l'a vu, mais aussi François Baroin ou encore Eric Woerth. Neuf autres députés ont choisi Alain Juppé (dont Dominique Bussereau, Hervé Gaymard), quatre Bruno Le Maire (tel Arnaud Robinet). On trouve même un soutien d'Hervé Mariton (Arlette Grosskost) et un de Nathalie Kosciusko-Morizet (Jean-Louis Christ). Seuls neuf députés ex-R-UMP n'ont parrainé personne – dont Fillon, évidemment.

Mais le cas qui interpelle le plus, c'est celui de Thierry Lazaro. Alors qu'il avait soutenu François Fillon face à Jean-François Copé à l'époque en rejoignant le groupe R-UMP, le député du Nord (en place depuis vingt-trois ans…) a retourné sa veste, au point de parrainer Copé pour la primaire de la droite… et de recevoir son nouveau poulain sur ses terres, en juin dernier. L'occasion de s'expliquer dans la presse locale d'un lapidaire : «J'ai peut-être pas tout compris à l'époque.» Depuis, c'est François Fillon qui n'a pas dû tout comprendre.