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Libération
Surenchère

Ainsi front front front les sarkozystes

Alors que le FN joue le recentrage, le camp de l’ex-président déborde sans vergogne le parti sur sa droite.
Nicolas Sarkozy le 9 juillet. (Photo Frederik Florin. AFP)
publié le 16 septembre 2016 à 19h51

La manœuvre pourra paraître risquée. Elle est pourtant d’une grande simplicité : déborder le FN sur sa droite, au moment où il opère un timide recentrage. Depuis que son chef est de retour, la droite sarkozyste s’y emploie avec zèle. A longueur de discours, l’ex-chef de l’Etat et ses lieutenants dénoncent le communautarisme et la tyrannie des minorités. Ils s’érigent en défenseurs des racines chrétiennes et d’un «mode de vie français» auquel l’islam est sommé de s’assimiler.

«Diktat migratoire». A côté de cette droite qui promet de changer la Constitution pour interdire le burkini et qui prône l'enfermement dans des centres de rétention de milliers de fichés S non condamnés, le parti de Marine Le Pen paraît presque timide. En matière d'outrances, les bons soldats du sarkozysme sont sans limites. Quand le gouvernement annonce le démantèlement de la «jungle» de Calais, le porte-parole de LR, Guillaume Peltier - ancien jeune frontiste -, parle d'un «diktat migratoire» qui crée «les conditions d'une guerre civile». Tandis qu'Eric Ciotti affirme que Hollande a été élu «grâce à l'islam politique». On voit mal, aujourd'hui, quel haut responsable frontiste oserait une telle formule. Et quand Claude Goasguen lance, avant de s'excuser, que «nous avons un problème avec les Maghrébins» et qu'il faut «avoir le courage de l'aborder», il semble renouer avec le FN, mais dans la version du père fondateur.

Avec cette troisième candidature présidentielle, Sarkozy tente, une fois de plus, de siphonner les voix du FN. Il avait réussi en 2007 et échoué en 2012. Grâce à cette stratégie, celui qui se proclame candidat «du peuple qui souffre» espère attirer dans la primaire le plus d'électeurs de l'extrême droite possible.

Parabole. La chose est possible. Selon plusieurs enquêtes, près de 10 % des personnes se disant prêtes à voter à la primaire sont des électeurs de Marine Le Pen. Et ils sont très majoritairement tentés de voter Sarkozy. «Un jour, on se retrouvera», a lancé ce dernier au cadre du FN avec lequel il débattait jeudi soir sur France 2. En octobre 2012, Jean-François Copé en avait choqué plus d'un, à l'UMP, avec sa parabole du pain au chocolat arraché des mains d'un petit Français, un jour de ramadan. Le chantre de la droite décomplexée avait été pointé du doigt par ceux-là mêmes qui applaudissent aujourd'hui Sarkozy et ses discours extrémisés.