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Droite

Le Maire, candidat du «renouveau» face à l’«ancien régime»

En meeting à Sète, l’ancien ministre de l’Agriculture a tapé sur les deux favoris de la primaire de la droite et du centre, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.

Bruno Le Maire lors du lancement de sa campagne dans le cadre de la primaire du parti Les Républicains, à Sète, le 17 septembre 2016. (Yann Castanier. Hans Lucas pour Libération)
Publié le 18/09/2016 à 18h21

Ce devait être le discours fondateur. Celui qui galvaniserait les troupes et dissiperait les doutes de ceux qui se laissent impressionner par les sondages. Devant près de 2 000 de ses amis, réunis à Sète sous un chapiteau secoué par le mistral, Bruno Le Maire a promis, ce dimanche, de «tout donner». A deux mois du premier tour de la primaire, l'ancien ministre de l'Agriculture veut convaincre que rien n'est joué, que le duel annoncé entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé peut encore être évité. Les Français, a-t-il assuré, ne se laisseront pas enfermer dans un match entre d'un côté «des paroles toujours plus brutales» et «tonitruantes», et de l'autre la promesse d'une «immobilité heureuse»«L'ancien régime ou le renouveau ? Ce sera le vrai débat de cette primaire», a-t-il proclamé. Debout parmi son auditoire, sans estrade et en bras de chemise, le candidat a aussi longuement proclamé son «amour» de la France et des Français, auxquels il se propose de rendre leur «fierté» et leur «dignité».

Rimbaud et Céline

Pour Bruno Le Maire, l'objectif de ce week-end était double : démontrer sa crédibilité grâce au volumineux «contrat présidentiel» dévoilé samedi, et persuader ses propres amis que la victoire est vraiment possible. Dimanche soir, ce dernier pari paraissait gagné : les militants de «BLM» croient dur comme fer que Juppé va s'effondrer et que leur champion se retrouvera face à Sarkozy au deuxième tour. Après l'avoir écouté, les piliers de sa garde rapprochée confiaient même leur «émotion». Aucun doute pour eux, ce discours prononcé sans notes, ponctué d'évocations lyriques de la forêt bretonne et de la couleur ardoise des pays de Loire, enrichi de citations de Rimbaud et Céline, sortait de la bouche d'un authentique homme d'Etat.

«Vraiment, je ne vois pas comment il pourrait perdre», s'est emballée la députée LR Laure de la Raudière, soutien de la première heure. Elle assure n'avoir jamais senti «un tel élan» depuis la campagne victorieuse de Sarkozy, en 2007. Autre pilier du dispositif Le Maire, le sénateur Gérard Cornu retrouve plutôt le Chirac conquérant de jadis. Il en est «sûr et certain», son champion va gagner la primaire du 27 novembre et donc l'élection présidentielle du 7 mai. L'ex-ministre Michel Barnier pense, lui aussi, à ses jeunes années au RPR, quand il assure avoir «rarement vu un tel enthousiasme, un tel bonheur d'être ensemble» dans une réunion de militants.

«Les Etats-Unis ont eu Obama, nous avons Bruno Le Maire»

Avant Bruno Le Maire, une douzaine de personnalités s'étaient succédé à la tribune pour inviter les électeurs à mettre définitivement hors jeu «ceux qui gouvernent depuis trente ans» et qui promettent de faire demain ce qu'ils n'ont pas fait hier. Ils ont presque tous dénoncé, sans craindre la caricature, le désespérant duel Juppé-Sarkozy. «Ne vous laissez pas enfermer dans le choix entre l'hystérie et la léthargie», s'est exclamé le député centriste Yves Jego, vice-président de l'UDI. Damien Abad, député LR du Doubs, a été encore plus véhément : la primaire de la droite ne soit pas se résumer à un match entre Sarkozy, «le sosie de Trump» et Juppé, «le faux frère de Bayrou». Car entre «l'identité bagarreuse» du premier et «l'identité heureuse» du second, il y aurait «l'identité harmonieuse» de son champion. «Les Etats-Unis ont eu Obama, nous avons Bruno Le Maire», a conclu Abad. Avant lui, d'autres n'avaient pas hésité à annoncer l'avènement d'un «Kennedy français». De tous ces louangeurs, le plus sobre aura sans doute été la jeune Nathalie de Gaulle, arrière-petite-fille du Général. Conseillère consulaire, représentante des Français de l'étranger, elle est venue à Sète saluer en Le Maire le représentant d'une culture «aimée et respectée dans le monde entier». Devant une assemblée de militants taraudés par la question identitaire, ce sobre message n'aura pas été le moins efficace.