Jeudi 6 octobre, 18h15 : les candidats s'installent derrière le pupitre dans les locaux de BFM TV. Michèle Rivasi et Cécile Duflot d'un côté, Karima Delli et Yannick Jadot de l'autre. Les visages sont crispés. En coulisse, l'ambiance est rigolote avec les équipes des quatre candidats à la primaire Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Des vannes. Des rires. Et un œil – parfois deux – sur les réseaux sociaux.
Sur le plateau, l'amour entre les Verts s’effritent un peu plus après chaque intervention. Karima Delli reproche à l’ancienne ministre Cécile Duflot sa participation au gouvernement Ayrault. Idem pour Yannick Jadot. Il déplore les tactiques politiciennes ces dernières années d’EE-LV. En coulisse, les équipes des candidats comptent les points à voix haute.
Au fil des mots, Yannick Jadot fait un pas de côté. L'eurodéputé déclare : «Je vais vous dire le fond de ma pensée : je ne crois pas qu'il y aura un président écologiste en 2017, je pense que si nous voulons reconquérir l'électorat, c'est par la crédibilité de notre discours, la crédibilité de nos solutions, sur le climat, sur la démocratie, sur les inégalités.» Le visage de son bras droit – devant les écrans de télé en régie – devient blême. Sur le plateau, les candidates s'engouffrent dans la brèche. Elles répètent l'une après l'autre : «Je suis prête.» Comprendre, si on joue c'est pour gagner.
La première pause sonne. Les candidats quittent le plateau : ils écoutent les petits mots de leur conseiller. Yannick Jadot nous alpague entre deux portes : «C'est dingue, on est a 1 % dans les sondages et ils veulent nous faire croire qu'on peut gagner : je ne suis pas candidat pour raconter des bobards.» Une gorgée d'eau et le débat reprend. En coulisse, les équipes rigolent moins. Le temps passe et les sujets aussi : Europe, immigration, transports. Les différences sont minces mais chacun raconte l'écologie à sa manière.
«Moi je vais pas chercher des votes dans les quartiers chauds»
Le débat se termine après deux petites heures et les postulants à l'Élysée se retrouvent au tour d'un petit buffet. L'ambiance n'est pas dingue. Michèle Rivasi échange avec Cécile Duflot, Karima Delli avec son équipe. Yannick Jadot, lui, cherche une porte de sortie. «Non mais franchement, à qui on peut faire croire que l'on va passer de 1 à 30%», explique-t-il à qui veut l'entendre.
Avant que les lumières s'éteignent, on demande à Michèle Rivasi ses impressions. Elle nous parle de sa stratégie politique. La députée européenne vise le second tour à sa manière : «Je sais mener une campagne. Moi je vais pas chercher des votes dans les quartiers chauds car là-bas, les gens ne votent pas. Je vais chercher les gens qui votent.»
La nuit tombe, les candidats filent : demain, la campagne reprend. Prévu le 7 novembre, le résultat a été décalé au jeudi 10 : la direction est débordée par les 17 000 votants. Ça laisse un peu de temps à Yannick Jadot pour argumenter sur le rôle d'une candidature écolo alors «qu'il n'y aura pas un président écologiste en 2017». Mais aussi aux trois candidates : elles devront nous expliquer comment on passe de «1 à 30 %» dans les sondages et les urnes. Un sacré programme.