Trêve d'invectives politiciennes. Mardi au Mans (Sarthe), pour la présentation du deuxième volet de son «diagnostic» sur «la France qui subit», Emmanuel Macron s'est abstenu de réitérer les attaques au vitriol qui avaient marqué, la semaine dernière, son premier meeting de Strasbourg. Critiqué par ses proches, et au premier chef par le député socialiste du Finistère Richard Ferrand, pour avoir cédé à la pression politico-médiatique et compromis son vœu de «faire de la politique autrement», le leader d'En marche renoue avec sa stratégie première : distiller à l'écart de l'arène et à son rythme ses «pistes de réflexion» pour faire émerger la «société du choix» à laquelle il aspire. Quitte, selon son entourage, à un «petit creux médiatique» dans une séquence où la primaire de la droite focalise de toute façon l'attention.
«Le modèle Français a été construit pour une société de rattrapage post-Guerre mondiale, qui avait à gérer la massification, l'arrivée de la génération des baby-boomeurs dans une société homogène», justifie-t-il au cours d'un point avec les journalistes, peu avant le meeting. Ce système n'est plus adapté à une société de plus en plus hétérogène. Il faut le repenser avant de dépenser de l'énergie à changer tel ou tel paramètre.» Le libéral revendiqué ne lâche donc rien. Et c'est notamment vrai sur le délicat sujet du travail.
Sur le fond, la loi El Khomri, si elle va selon lui dans le «bon sens», reste très insuffisante pour qui préconise un «changement radical», à savoir «passer d'une économie qui protège les emplois à une économie qui protège les individus». «Je dis qu'il faut que la loi définisse un socle minimal et que tous les sujets fondamentaux soient renvoyés à la négociation d'entreprise ou de branche, insiste l'ancien locataire de Bercy. La loi El Khomri ne traite que du temps de travail sans changer les minima légaux en matière d'heure sup ou d'organisation du travail. Je suis pour un principe d'inversion de la hiérarchie des normes assumé.»
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En contrepartie, Macron entend «réarmer l'individu», en accroissant le pouvoir de négociation des syndicats, et en améliorant les dispositifs de formation professionnelle. Sans doute très insuffisant pour ne pas réveiller la gronde sociale provoquée par la loi El Khomri. «On a le droit d'expliquer aux gens que ce qu'ils croient être protecteur ne marche pas, riposte le leader d'En marche. On doit se battre sur ce sujet parce que le système actuel n'est plus protecteur des plus faibles.»
Donnant aux journalistes un avant-goût de son meeting du soir axé sur «la vie quotidienne», l'ancien ministre a donné les grands traits du big-bang dont il rêve en matière de travail, de sécurité, de mobilité, de santé et d'éducation.