Le réveil a été douloureux pour Cécile Duflot. Jeudi matin, elle a réuni ses proches pour mettre des mots sur son élimination, dès le premier tour, de la primaire d’Europe Ecologie-les Verts (EE-LV). Les causes de cette défaite ? Le rapport affectif «je t’aime moi non plus» de la députée avec les membres de son parti a été évoqué. Car tout est exacerbé chez les Verts. A l’image de la candidate à la primaire Karima Delli, pleine de joie après l’élimination de Duflot alors qu’elle-même est hors course avec un petit 9,82 % des voix. Certains membres de l’équipe Duflot ont halluciné.
Une autre raison revient dans la bouche de l'équipe : le passé récent, lourd, de l'ancienne ministre du Logement. Sa participation et sa sortie du gouvernement a été incomprise par certains. Une trajectoire qu'elle paierait aujourd'hui. Cet argument agace le secrétaire général du parti David Cormand : «Elle a été au gouvernement avec l'accord du parti et elle est sortie sur un désaccord politique majeur. Et la suite nous a donné raison, c'est injuste pour elle.» Peut-être. Mais le monde politique n'a pas pour habitude de faire dans les sentiments. Il est cruel.
Du coup, une question se pose : Cécile Duflot serait-elle la première victime du quinquennat de la gauche ? Une petite musique commence à se faire entendre : tous les acteurs passés ou présents du mandat Hollande devraient payer la facture, y compris ceux qui ont tenté de s'en démarquer. Ce week-end, Jean-Luc Mélenchon a ainsi estimé, dans le JDD, que tout candidat ayant «gouverné» avec Hollande devra «assumer la sanction collective».
Les frondeurs, qui ont fait de leur opposition à Hollande leur cheval de bataille, n'entendent pas se faire jeter avec l'eau du bain. «Durant ce quinquennat, nous n'avons pas réussi à changer la politique du gouvernement mais nous avons créé un courant, notamment à l'Assemblée nationale avec une opposition très forte à la loi Macron et à la loi travail, défend le député Christian Paul, proche de Montebourg. Et nous avons obtenu la primaire pour proposer une nouvelle offre et un autre chemin aux électeurs de gauche.» Pas faux. Mais il n'est pas certain que l'électeur de gauche fasse la différence. Peut-être qu'il voudra punir tout le monde, comme Duflot en a fait les frais. Et si c'est le cas, ça risque de faire mal.