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Libération
Bulle

Macron se méfie de ses bons sondages

Alors que certains voient dans sa popularité une «bulle», le presque candidat leur préfère d’autres indicateurs.
Emmanuel Macron à Montpellier, le 18 octobre. (Photo David Richard. Transit)
publié le 14 novembre 2016 à 21h16

Emmanuel Macron, exemple type de «bulle sondagière» ? Rarement personnalité politique n'a en tout cas été aussi vite et aussi durablement encensée dans les enquêtes d'opinion. Testé pour la première fois peu après son entrée au gouvernement, l'ancien locataire de Bercy y fait une percée foudroyante, recueillant à gauche comme à droite plus de 50 % de bonnes opinions. Le poulain de François Hollande ne peut pourtant se targuer d'aucun fait d'armes tangible : il n'a pas de passé militant, ne s'est présenté à aucun scrutin et n'a, comme preuve de son sens de l'intérêt général, que ses deux années passées dans l'ombre d'un président contesté à gauche depuis sa conversion sans sommation au social-libéralisme. Si les médias l'ont largement sorti de l'anonymat, c'est d'abord pour combler le vide laissé par une droite affaiblie par l'affaire Bygmalion et une gauche divisée. Un peu aussi parce que la vie privée du jeune ministre, mariée à une femme de vingt-quatre ans son aînée, intrigue. De quoi alimenter la thèse de la «bulle sondagière».

Mais il y a autre chose. Après la sortie de Macron sur les «illettrés de Gad», sa cote de popularité, loin de s'effondrer, s'envole à la surprise des observateurs. «Ce qui a été retenu, ce sont les excuses qu'il a faites, souligne un proche de l'ancien ministre. Elles ont été jugées sincères. Et beaucoup de gens lui ont été reconnaissants de nommer le problème.» Dans les mois qui suivent, à chaque nouvelle provocation de Macron (sur les 35 heures, les fonctionnaires, les jeunes milliardaires…), le phénomène se répète. Comme si les Français savaient gré au ministre de ses coups de boutoir contre les «tabous» de la gauche. Tout au plus, les sympathies que s'attire l'ex-locataire de Bercy sont de plus en plus marquées à droite…

Ces bons sondages ont-ils grisé Macron ? Assurément, confie Julien Dray, fidèle de Hollande, longtemps très proche de l'ex-ministre. «Il ne s'est pas lancé en regardant sa cote de popularité, corrige un proche. Sa stratégie, c'est de proposer une offre politique nouvelle, pas de partir de la demande.» Pour Macron, les sondages ne seraient pas un instrument de pilotage. Tout au plus un outil de validation de son action. Faute de moyens, il n'y a eu recours que deux fois depuis le lancement de son mouvement, dont un sur la notoriété de sa Grande Marche. Pour vérifier l'intérêt qu'il suscite, Macron se fie à d'autres signaux, plus révélateurs à ses yeux : les 1 000 inscrits en six heures pour sa rencontre citoyenne à Bercy en juillet 2015, ses meetings bondés lors de son «diagnostic pour la France» ou dernièrement le 1,5 million de vues enregistrées en vingt-quatre heures par un extrait de son intervention chez Mediapart…