Xavier Bertrand est le dernier des barons de l’ex-UMP à n’avoir pas encore fait connaître sa préférence. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas pressé. Il a fait savoir qu’il ne serait pas présent ce vendredi à Lille au meeting d’Alain Juppé. L’entourage du maire de Bordeaux avait pourtant laissé entendre que cette ultime réunion, l’avant-veille du premier tour, serait l’occasion d’un coup de pouce bienvenu du patron de la région Hauts-de-France. Un tel scénario avait sa logique : en 2002, le jeune député UMP de Saint-Quentin (Aisne) avait été repéré par le patron du parti. Il lui avait confié le soin de faire la pédagogie de la réforme des retraites du gouvernement Raffarin. Ce fut le début de sa carrière nationale.
Bertrand est «un homme libre»
Mais Bertrand n'avait pas apprécié que les juppéistes laissent entendre que l'affaire était entendue. Qu'on se le dise : il ne se laissera pas «dicter» son calendrier car il est «un homme libre». Selon ses proches, le président de région «ne demande rien et n'attend rien». Sûrement pas un poste de Premier ministre. S'il avait un temps envisagé d'être lui-même candidat, c'est bien, rappellent les mêmes, «qu'aucun des projets portés par les candidats ne trouve grâce à ses yeux». Au nom de ce «gaullisme social» dont il se revendique, Bertrand explique qu'il ne peut pas s'enthousiasmer pour des candidats qui prônent la suppression de l'ISF. A l'exception de Nathalie Kosciusko-Morizet, c'est le cas de tous les concurrents.
Un soutien tardif et du bout des lèvres
Fortement sollicité par Sarkozy, Juppé, Fillon et Le Maire, le président des Hauts-de-France avait indiqué qu'il ferait connaître son choix pour le premier tour. Mais réflexion faite, ce n'est plus si sûr… Interrogé ce jeudi par RTL, il laisse entendre qu'il pourrait attendre «le dernier débat» pour se prononcer. Ou, peut-être pas. L'extrême incertitude des sondages qui n'excluent plus une qualification de Fillon au deuxième tour serait-elle corrélée à la prudence de Bertrand ? «Absolument pas» proteste l'un de ses proches.
S'agissant de compétitions au sein de son camp, ce ne serait pas la première fois que l'élu picard se contente d'un soutien du bout des lèvres, à la dernière minute. Déjà très convoité, en 2012, quand François Fillon et Jean-François Copé se disputaient la présidence de l'UMP, il ne s'était prononcé que trois semaines avant le scrutin. Pour Fillon. Ce qui ne l'avait pas empêché, trois jours avant le vote, d'accueillir très chaleureusement Copé dans sa ville de Saint-Quentin pour un dernier meeting. A la surprise générale, il avait salué la «combativité» et rendu un vibrant hommage aux qualités de chef de parti de celui dont il était censé souhaiter la défaite.