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Primaire à droite

Primaire : dernières lignes très droites

Fillon, candidat de la droite en 2017dossier
«Libération» passe au crible le programme des sept candidats, qui débattaient jeudi soir pour la dernière fois avant le scrutin de dimanche. Et relève nombre de mesures inquiétantes que la droite n’avait plus agitées depuis trente ans.
Premier débat de la primaire, le 13 octobre. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 17 novembre 2016 à 20h36

Tout y est : baisse des charges, suppression de l’ISF, fin des 35 heures, coupes claires dans la fonction publique, abolition des régimes spéciaux… Ce n’est là qu’un court extrait de la longue liste des réformes radicales proposées par les candidats à la primaire de la droite et du centre. Tout se passe comme si cette compétition inédite avait désinhibé les concurrents. Les socialistes ont d’ailleurs bien l’intention de le faire savoir : quatre millions de tracts seront distribués en ce week-end de vote, pour dénoncer le «programme commun» d’une droite décidée à démanteler les services publics.

Surenchère

Pour la première fois, le candidat du camp conservateur sera choisi par ses électeurs et non plus dans le huis-clos d’un bureau politique. Conséquence de cette révolution : les projets présidentiels ont été élaborés très en amont, sans tenir compte de ce que sera l’offre politique en 2017. Cette compétition étant essentiellement arbitrée par des sympathisants de droite, les candidats y sont allés gaiement. D’où cette impression de surenchère à la lecture des projets des quatre principaux candidats : Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon et Bruno Le Maire. La primaire aurait donc le mérite de forcer les responsables politiques à jouer cartes sur table, en s’engageant sur leur programme. Ils ont tous juré de «dire avant» ce qu’ils feront «après». Rien ne garantit cependant que le vainqueur de la primaire ne sera pas tenté de corriger son projet avant de le soumettre, en avril 2017. Sachant que certaines de ces mesures (suppression de l’ISF, retraite à 65 ans…) sont aujourd’hui rejetées à plus de 70 % par les Français.

Premier candidat déclaré, François Fillon s’est lancé, dès 2013. Il prône la «rupture» que Sarkozy avait promise en 2007 sans se donner les moyens de la mettre en œuvre. La vraie rupture, «radicale», serait selon lui la dernière chance pour la France d’échapper au «déclin». Avec une armée d’experts, il a détaillé, par chapitre, les «adaptations structurelles» qu’il juge nécessaires. A l’évidence, ce travail a eu une influence décisive sur les projets qu’ont présentés, après lui, les autres candidats.

Audace

Face à un électorat de droite chauffé à blanc contre le «matraquage fiscal» du gouvernement socialiste, Sarkozy, Juppé et Le Maire ont voulu démontrer qu'ils n'avaient pas de leçon d'audace à recevoir. «J'ai réussi à imposer l'idée que l'alternance exigeait un projet sérieux et radical pour redresser la France et c'est d'ailleurs autour de ce projet que s'est organisé le débat entre les candidats», souligne Fillon, ce jeudi dans le Figaro.

L'ancien Premier ministre veut croire que la dynamique qui le porte en cette fin de campagne résulte d'une adhésion à un «projet cohérent». Fier d'avoir mis à l'agenda de la droite «la libre négociation du temps de travail dans les entreprises, la réduction des déficits et l'allocation sociale unique», il estime avoir permis que le débat soit autre chose qu'«un match de personnalités». Affirmation optimiste. Car les attaques personnelles sont loin d'avoir été absentes de cette campagne. Les références fréquentes à la «dignité» et à «l'honnêteté» visaient à l'évidence Sarkozy tandis que Juppé, lui, a été décrit comme l'incarnation de «la mollesse» ou de «l'immobilisme». «Je mets mes concurrents au défi de prouver qu'ils sont plus audacieux que moi», s'est emporté le maire de Bordeaux.

De fait, ce n’est pas sur le terrain de la politique économique, ni même sur celui de la sécurité ou de l’immigration que de vraies contradictions sont apparues. Des Gaulois aux doubles rations de frites, Sarkozy aura réussi à mettre la question identitaire au cœur la campagne. Sur ce terrain, il était certain que Juppé ne pourrait pas le suivre.

Le programme des candidats :