La gueule de bois est bien là. Avec elle, les désillusions pour les centristes qui, dans toute leur diversité, soutiennent la candidature du maire de Bordeaux dans la primaire. Les différentes formations de centre droit, du Modem à l'UDI, avaient même commencé à tirer des plans sur la comète. Pour eux, la victoire d'Alain Juppé devait leur assurer la renaissance d'un groupe centriste conséquent à l'Assemblée nationale. Les plus optimistes tablaient même sur l'élection de près de 130 députés centristes lors des prochaines législatives. Pas question, au lendemain des quelque 44,1% obtenus par François Fillon, largement en tête du premier tour de la primaire devant son concurrent (28,6%), de changer de cheval. «Nous entrons dans la bataille du second tour, toujours en soutenant la candidature d'Alain Juppé», assure Jean-Christophe Lagarde, le président de l'UDI.
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«C'est encore jouable !»
«Le premier tour a été une confrontation de personnalités, le second sera celui des idées. Veut-on aller vers un changement déterminé ou vers un changement dur voire très dur ?», poursuit le député et maire de Drancy. «Bien sûr que nous allons continuer la campagne pour soutenir Juppé», ajoute Marielle de Sarnez, la numéro deux du Modem. Qui affirme : «C'est encore jouable !» «A l'inverse d'une élection normale, les électeurs ont voté pour éliminer au premier tour et vont choisir au second», constate l'eurodéputée proche de François Bayrou. Pour elle comme pour Jean-Christophe Lagarde, le second tour va être celui «de la confrontation des programmes. Celui de François Fillon est très à droite et conservateur sur les questions sociétales. C'est un programme d'austérité économique. Ses orientations ultra libérales ne sont pas les nôtres et ne nous semblent pas celles qui seraient nécessaires aux pays».
En désaccord avec la ligne Fillon, le Modem de François Bayrou ne se prive pas de rappeler qu'il ne se trouvait lié par un accord qu'avec le seul Alain Juppé. «Pour le reste nous sommes libres», rappelle Marielle de Sarnez. Rien ne s'oppose donc à ce que le maire de Pau se lance dans une quatrième campagne présidentielle en cas de victoire de François Fillon dimanche prochain. Le maire de Pau a suivi la soirée électorale au siège du Modem, rue de l'Université à Paris, entouré du cercle de ses plus fidèles. Officiellement, la question d'une participation de François Bayrou au prochain scrutin élyséen n'a pas été abordée. Mais le président du Modem a bien évidemment intérêt à laisser planer le suspense le plus longtemps possible. Ne serait-ce que pour négocier le meilleur accord électoral possible ave François Fillon.
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Discuter avec Fillon comme avec Macron
Dès le lendemain du premier tour de la primaire ouverte de la droite et du centre, Lagarde s'est dit prêt à discuter avec Fillon. Comme il était prêt à le faire, il y a quelques semaines, avec Emmanuel Macron. «Personne ne pourra faire sans une force centrale», réaffirme Marielle de Sarnez. Sauf que négocier un accord électoral avec un candidat comme Juppé, dont le programme convient aux centristes, est évidemment plus facile que de traiter avec un candidat aux propositions souvent aux antipodes des leurs. Avant même la présidentielle, la primaire de la droite aura été celle de la désillusion du centre. Lequel n'a pas dit son dernier mot.