On sait le futur président de la Rép… euh, le favori à la primaire de la droite féru de sport auto et particulièrement des 24 Heures du Mans, la course la plus célèbre avec le GP de Monaco. D'ailleurs, depuis dimanche, Fillon métaphorise sa victoire au premier tour avec une version motorisée du lièvre et de la tortue : les 24 Heures du Mans 1969. «Jacky Ickx part dernier et arrive premier. C'est une épreuve d'endurance comme la primaire», commentait le candidat dimanche soir.
Quand @FrancoisFillon se souvient de J Ickx @24heuresdumans 1969 "Il avait 120m d'avance, nous on a plusieurs tours" https://t.co/Gp7ksUCUr2
— Sarthemag.fr (@sarthemagfr) November 21, 2016
Une référence que Fillon avait déjà utilisée lors de la primaire, rappelle le Point. C'est un peu réécrire l'histoire. Que s'est-il réellement passé sur le circuit du Mans, ce samedi 14 juin 1969 ?
A l’époque, le départ de la course d’endurance est spectaculaire mais dangereux : les bolides sont stationnés en épi d’un côté de la piste, les pilotes patientent de l’autre. Au signal de départ, ces derniers se précipitent vers leur voiture, y sautent littéralement avant de démarrer sur les chapeaux de roue, voire sur les chaussures ou l’aile d’un collègue attardé.
C’est justement pour protester contre la dangerosité de ce départ que le pilote belge Jacky Ickx choisit, lui, de traverser la piste en marchant, d’entrer calmement dans sa Ford, de boucler sa ceinture et de s’élancer. Effectivement, il part le dernier, mais au départ d’une course de vingt-quatre heures, le retard accumulé est ridicule, à peu près équivalent de celui d’un coureur qui prendrait quelques secondes pour resserrer ses lacets au départ d’un marathon.
Cette fameuse édition où Ickx traverse la piste en marchant. Moment d'anthologie. #TweetPrécédent cc @FrancoisFillon https://t.co/8Xgo6G0Jh5
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Autant dire qu’au départ, Jacky Ickx, au volant de la voiture qui s’était imposée l’année précédente, est alors en bien moins mauvaise posture que ne le sera en début de primaire François Fillon, qui, pour le coup, passe pour un enjoliveur. Pour l’anecdote, on signale que 1969 est la dernière année avec un départ «type Le Mans». Dès 1970, les voitures partent en ligne, en fonction des temps réussis pendant les essais.
Mais poursuivons l’analogie entre cette édition des 24 Heures du Mans et une élection.
Lors de cette course, le premier tour est fatal à un concurrent, John Woolfe, un gentleman driver anglais dont la Porsche 917 privée sort de la route. N’ayant pas bouclé sa ceinture pour ne pas perdre de temps au départ, il est éjecté de sa voiture et meurt. A la fin, c’est effectivement Jacky Ickx qui s’impose, dans l’arrivée la plus serrée de l’histoire de la course. Dans les deux derniers tours, la Porsche s’invite à la hauteur de la Ford de Ickx, (qui prend la tête le dimanche matin à 11 heures), mais souffrant d’un déficit de cylindrée, elle ne parvient pas à la doubler et s’incline finalement de 120 mètres. Fillon, Juppé, une question de cylindrée ?
En se comparant à Jacky Ickx, François Fillon s’est-il rappelé que cette année-là, la course avait commencé à 14 heures, contre 15 heures traditionnellement ? Pourquoi ? Parce que le dimanche 15 juin, c’était… le second tour de l’élection présidentielle qui allait voir la victoire de Georges Pompidou. Un deuxième tour où ne figurait aucun… candidat de gauche (Pompidou était opposé à Alain Poher).
Au regard de tous ces éléments, qui pourront paraître troublants à certains, permettons-nous quand même de poser une question à François Fillon : imagine-t-on le général de Gaulle se comparer à un pilote automobile belge ?