Après le vrai marin, le vrai Breton. Une semaine après la venue de Thomas Coville, nouveau recordman du tour du monde à la voile en solitaire, c'est un Benoît Hamon drapé dans sa parka floquée «Tonnerre de Brest» qui a relevé jeudi le défi du «face à la rédaction de Libération», un format auquel se frotteront, dans l'ordre, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Manuel Valls avant le premier tour de la primaire de gauche, le 22 janvier.
Trois heures de politique tricotée à la mode du Grand Ouest : des choux-fleurs de Saint-Malo (produits toute l'année à cause du réchauffement climatique) à la base de l'île Longue (dont il préservera les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins), en passant par les apprentis matelots de Brest. A part le flux continu d'expressos, on ne dirait pas qu'il n'a dormi que trois petites heures, tout juste atterri de Pau et de sa dernière réunion publique. «On entre dans la phase délire de la campagne, soyez cool», intime son équipe rapprochée.
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Couvé par une centaine d'yeux, Hamon tempête pour défendre son idée de revenu universel aussi «structurante que la création de la Sécu», et tape les «prophètes de l'irréalisable» qui, à gauche, attaquent son coût et, à droite, y voient une incitation à la paresse. Avant la moulinette des questions des internautes via la messagerie Facebook et l'isoloir photographique, Hamon ne cite aucun de ses camarades de primaire, à part Manuel Valls, pour mieux refuser de dire s'il votera pour l'ancien Premier ministre au second tour s'il n'est pas qualifié lui-même. S'il remporte la primaire, il biche déjà à l'idée de l'appeler le 29 janvier au soir : «Je compte sur toi, Manuel, hein ?» Venu au socialisme par sa face étudiante il y a plus de trente ans, Benoît Hamon fait mine de ne pas frétiller quand on lui donne du «vous président» : «Je ne suis pas dans le fantasme depuis tout petit. C'est la façon dont les gens vous regardent petit à petit qui fait qu'à un moment le costume vous tombe dessus.»
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La rencontre touche à sa fin, les soupapes se relâchent, le candidat touille son dernier café. Quelle serait sa première décision de président ? Les sourcils en accent circonflexe, signe qu'il prépare un bon mot, Hamon interroge : «On peut se marrer un peu, non ? Je donnerais un grand bal à Versailles. Il faut renouer avec le menuet dans ce pays.»
[ Benoît Hamon répond aux questions des lecteurs ]
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