L'un des premiers sujets abordés lors du premier débat de la primaire de la Belle Alliance, ce jeudi, était celui du revenu universel, ou revenu de base. A l'exception de Jean-Luc Bennahmias, aucun des candidats n'est favorable à la proposition de Benoît Hamon d'instaurer ce revenu universel. «La proposition de revenu universel n'est pas seulement [destinée aux] millions de pauvres et de chômeurs mais à l'ensemble de la société. C'est une aide à l'entrepreneuriat, aux jeunes», a expliqué le représentant du Mouvement démocrate, donnant l'exemple des agriculteurs, qui gagnent parfois très mal leur vie (voire pas), et à qui une telle prestation permettrait selon lui de «garder les fermes sur le territoire». Ce débat a été l'occasion pour une partie des candidats de (re)dire leur rapport au travail d'une part, et à la solidarité, d'autre part.
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Sur la solidarité
C'est Vincent Peillon qui s'y colle. Selon le professeur de philo, la solidarité, c'est «l'idée que ceux qui ont plus donnent à ceux qui ont le moins. Là on donne à tout le monde».
La réponse de Benoît Hamon : Pour lui, le dispositif relève surtout de la notion de protection sociale. «Le revenu universel est le nouveau pilier de la protection sociale que nous devons aux jeunes», a-t-il argué.
Sur le financement
Vincent Peillon, là encore, se montre critique. A terme, le revenu universel coûterait 400 milliards d'euros par an, a-t-il indiqué, qu'il «faudra prélever en impôts supplémentaires». Même inquiétude chez Arnaud Montebourg, qui expliquait à la radio récemment que le coût du dispositif était élevé et craindre des hausses d'impôts.
La réponse de Benoît Hamon : S'il reconnaît le coût du dispositif, le député des Yvelines aime à citer l'exemple de la Sécurité sociale, qui apparaissait très dispendieuse aussi à sa création, il y a 70 ans. Il propose notamment de réviser la fiscalité sur le patrimoine pour financer en partie le dispositif. La question de la fiscalité sur le revenu reste néanmoins peu claire.
Sur le travail et sa fonction sociale
Ce débat illustre clairement les différences entre les candidats dans leur rapport au travail et à sa fonction sociale. Manuel Valls, dont la proposition d'instaurer un revenu minimum décent est très éloignée de celle de Benoît Hamon, puisqu'il s'agirait simplement de fusionner une dizaine de minima sociaux et d'ouvrir le dispositif, conditionné aux ressources, aux 18-25 ans, l'a martelé, estimant que le travail donnait à chacun de la dignité : «Je veux une société du travail, une société qui met le travail au cœur, je veux qu'on donne de la rémunération au travail.» Arnaud Montebourg et Vincent Peillon avaient déjà usé de cet argument dans les médias, notamment lors d'interviews à Libération.
La réponse de Benoît Hamon : «Je me souviens quand Michel Rocard a mis en place le revenu minimum d'insertion (RMI), on entendait des arguments semblables sur une société qui encouragerait à la paresse.» Et quand Martine Aubry a mis en place la couverture maladie universelle (CMU), «on disait que les pauvres allaient consommer plus de soins, ça n'a pas été le cas.» «Dès lors que l'on pense la solidarité, on évoque une incitation à la paresse alors que non. [Il faut parler de la] réalité du travail tel qu'il est, et pas tel qu'il fut, de la société telle qu'elle est, et non telle qu'elle fut». Pour le député des Yvelines, pas question donc d'accuser son projet d'encourager à l'oisiveté. Et les rares expérimentations d'un revenu universel, qui ont notamment eu lieu aux Etats-Unis, ne lui donnent plutôt pas tort…