
«inquiètent»
«gauche dure»
«de droite»
«puceau de la République un peu utopiste»
«On va avoir un duel entre la droite dure de Fillon et l’extrême droite»
La semaine dernière, il a écouté avec intérêt les réponses des sept candidats à la primaire à ce marronnier de campagne électorale : zéro SDF, c'est possible ? «Ça n'existe pas, zéro SDF, tranche Ervé. C'est démagogique de le penser. En revanche, zéro solution, c'est bien la situation actuelle.» La gestion «au thermomètre» des personnes sans-abri, il n'en peut plus. «Franchement, qui a envie d'aller dormir dans un gymnase – j'appelle ça un campement abrité – où ça ronfle, ça pète, ça vole ?» Lui a choisi de rester à la rue.
«L'impression d'être en HP»
Une fois, Ervé a accepté de rejoindre un centre d'hébergement d'urgence. C'était en 2000, après une nuit dans un froid glacial, protégé de la neige par une simple couverture. «J'en avais pleuré», se souvient-il. Mais après quelques heures à l'abri, il avait mis les voiles. «J'avais l'impression d'être en HP [hôpital psychiatrique, ndlr]», dit-il.
Pour lui, les politiques manquent cruellement de pragmatisme au moment de s'attaquer au mal-logement. «Est-ce qu'un jour ils auront les couilles de dire qu'ils ne savent pas faire ? Est-ce qu'ils nommeront, plutôt qu'un secrétaire d'Etat au logement, un collectif de gens qui ont l'expérience du terrain ?» Il le reconnaît, le dossier est «compliqué» car protéiforme. «A la rue, tu as des travailleurs pauvres, des étudiants, et ceux que j'appelle les clodos, qui sont partis ailleurs, et qu'il est difficile de récupérer. Pour eux, le mieux que tu puisses faire, c'est leur filer une pièce et une cigarette. Ce qu'il faut surtout, c'est éviter qu'on se clochardise, nous qui avons encore le cerveau dans le bocal.»
Ervé déplore la frilosité des pouvoirs publics. L'ordonnance de 1945 permettant la réquisition des logements inoccupés n'a «jamais été utilisée». «En fait, l'Etat délègue aux associations qui font les occupations elles-mêmes, pointe-t-il. Pourtant, loger 150.000 personnes dans un pays de 66 millions d'habitants, ça ne semble pas si fou, non ?»