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Libération

«Revitaliser les principes de notre démocratie»

publié le 26 janvier 2017 à 19h56

Le vendredi, Thierry Mandon, secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur, chronique la campagne.

«Lundi matin, tous les protagonistes seront connus. La véritable campagne débutera. La dernière édition du baromètre annuel (depuis 2009) de la confiance politique du Cevipof nous dit combien le paysage est dévasté. Les responsables politiques se préoccupent-ils de votre avis ? Non, à 89 %. Quand vous pensez à la politique, qu'éprouvez-vous d'abord ? Méfiance : 40% ; dégoût : 28 % ; ennui : 10 %. Le personnel politique est-il : plutôt honnête, 23 % ; plutôt corrompu, 75 %. Ces niveaux très élevés de défiance se conjuguent - heureusement - avec quelques lueurs d'espoir. Intérêt porté à la politique : 56 %. Pensez-vous que la démocratie représentative soit un bon principe de gouvernement : oui, à 90 %. Les déprimés trouveront dans cette sombre réalité politique la cause de la solidité de l'implantation du Front national et lui promettront, sur ces bases, de nouveaux succès. Rien n'est plus faux. Si elle se maintient à un niveau élevé, Mme Le Pen ne progresse pas. Comment le pourrait-elle, d'ailleurs, alors que son parti fait l'objet de nombreuses procédures pour des financements illicites et que les démissions d'élus locaux FN déçus du parti atteignent près du quart de ses derniers élus municipaux ! Les autres attendront de la campagne qu'elle fasse émerger des perspectives concrètes et profondes d'évolution du système politique. Au niveau de dégradation auquel on est arrivé, le rafistolage ne suffira pas. Contresens aussi que d'aller chercher l'inspiration dans les démocraties autoritaires d'Amérique du Sud. Ce sont les principes de base de notre démocratie représentative qu'il faut revitaliser. Plus de discussions et de débats avant de faire des changements majeurs (à 79 %), donc 49.3 et ordonnances aux oubliettes, Parlement revalorisé, fabrique de la loi plus collaborative. Plus de confiance envers les acteurs de la société, à commencer par les entreprises (à 63 %), donc moins de lois nouvelles, de la simplification et, en revanche, contrôles a posteriori et sanctions renforcées pour les fraudeurs. Plus d'écoute en continu de la société (à 69 %), en privilégiant par exemple les évaluations concrètes des effets des décisions et en les ajustant si nécessaire. Plus d'exigence dans le comportement des élus. Le prochain président devra être l'architecte de cette démocratie augmentée. Encore faut-il qu'il en fasse le levier de la réussite de son quinquennat.»