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Libération
Vu d'une brasserie de campagne

Valls-Hamon : «Je ne comprends pas qu’au sein d’un parti, on puisse avoir des opinions aussi opposées»

La France invisibledossier
Charancieu. (BiG)
par Maïté Darnault, Correspondance à Lyon
publié le 26 janvier 2017 à 11h59

Pendant la présidentielle, Libération va sonder, chaque jour de la semaine, six lieux différents de la «France invisible». Ce vendredi, une brasserie de campagne, en Isère.

Il attendait le débat Valls-Hamon avec impatience. Il n'a pas été déçu. Pourtant, Didier, 55 ans, est un filloniste de la première heure. Alors pourquoi cet intérêt pour la primaire du camp adverse ? «Etre de droite, ça ne veut pas dire qu'on n'a pas de cœur, tient-il à rappeler. J'emploie 40 personnes, dont 38 au smic, et ça me fait chier ! » Didier dirige le supermarché qui se trouve en face du Crocus, dans la zone d'activité de Charancieu. Aujourd'hui, il partage sa table avec ses beaux-parents. Puis il ira fumer une clope avec des employés venus aussi là en pause. «Le duo Valls-Hamon me passionne, car je ne comprends pas qu'au sein d'un même parti, on puisse avoir des opinions diamétralement opposées. Ce sont deux gauches vraiment différentes, pas réconciliables. On va vers l'implosion du PS, c'est sûr», juge-t-il.

Ce qui lui plaît chez Fillon, «c'est l'homme» : «Il a su rester sur une ligne droite. Chose que n'a pas faite Valls, qui va dans le sens du vent, un coup à gauche, un coup à droite.» Alors, s'il était socialiste, «en toute logique», il se retrouverait en Hamon. «Mais on n'est pas dans une fiction», tranche-t-il, appelant à la «réalité économique» : «Les jeunes ne doivent pas se projeter dans l'assistanat. Je suis pour la valeur travail. Je sais bien que c'est compliqué, car il n'y en a pas pour tout le monde…» Didier trouverait injuste que le revenu universel puisse concerner «les enfants des classes supérieures» : «Ce n'est pas vrai qu'on est tous au même niveau.» Mais la mesure lui semble surtout intenable : «La dette publique, nos enfants vont finir par la payer, pour notre petit confort. Et ça, j'ai peur qu'ils ne nous le reprochent.» D'où l'urgence de «réformer» : «Mais c'est le drame en France, rien n'est jamais possible. La loi travail partait d'un bon sentiment, mais ça a été très mal perçu.» Macron ? Didier demande à voir : «On aime bien l'homme, mais on ne connaît pas le programme.» Seule certitude pour l'instant : «Il a les dents qui rayent le parquet !»