Menu
Libération
Meeting

Au dernier meeting de Manuel Valls : «J’ai du mal à vous quitter»

Hamon candidatdossier
L'ancien Premier ministre tenait son dernier meeting de campagne avant le deuxième tour à Alfortville, près de Paris, jeudi soir.
Lors du meeting de Valls à Alfortville le 26 janvier. (Photo Denis Allard/Réa pour Libération)
publié le 27 janvier 2017 à 8h22
(mis à jour le 27 janvier 2017 à 10h43)

Ils s'attardent sur la scène, se prenant les pieds dans la moquette grise. Heureux d'être là, ensemble, ils multiplient les photos de groupe pour marquer le coup. Anciens collaborateurs de Matignon sous Manuel Valls, petites mains de la campagne, jeunes élus et conseillers ministériels engagés derrière l'ex-Premier ministre pour la primaire: qui sait où ils seront lundi, une fois le deuxième tour passé? A Alfortville, jeudi soir, après 45 minutes de boxe verbale contre Benoît Hamon, Manuel Valls vient de boucler son dernier meeting sur une note nostalgique qu'on ne lui connaissait pas. «J'ai du mal à vous quitter, explique le candidat sur le ton de la confidence qui tranche avec la scansion virulente avec laquelle il a démonté point par point le programme de son adversaire. Cette campagne se termine, elle a été belle, passionnante. On ne m'a rien épargné: j'aime ça.»

La petite foule réunie sous les arceaux terriblement sixties du Palais des sports - un demi-millier de personnes - agite des panneaux «Valls 2017» et scande «Manuel Président». Des «On va gagner» fusent et Valls reprend le fil de sa conclusion: «J'ai donné dans cette campagne, je veux continuer à donner et lundi plus que jamais incarner l'espoir de la gauche, de la France et de la République.» Auparavant, le candidat de la «gauche crédible et pragmatique» a pris son adversaire sur le terrain de l'imagination: «Mes rêves sont peut être plus simples: plus de pouvoir d'achat, plus d'école, plus de culture» et dénonce un projet coûtant «au bas mot à 500 milliards». «Quand on propose cela, où est le sérieux, où est la crédibilité, où est la compétence», s'emporte Valls.

«S'il y a plus de votants, ça peut le faire»

L'arithmétique électorale du premier tour a fatigué les organismes: cinq points et 75000 voix de retard sur Benoît Hamon. Dimanche, «s'il y a plus de votants ça peut le faire», sourit le directeur de campagne, Didier Guillaume. Sans trop y croire. «Que font les électeurs de Peillon? Ceux de de Rugy? Et tous ceux qui n'ont pas voté au premier tour», s'interroge le député Philippe Doucet à ses côtés. A Alfortville, tous font mine de croire que l'argument massue de leur candidat - Hamon sera éliminé au premier tour de la présidentielle, lui peut se qualifier - peut encore mobiliser des abstentionnistes.

Vu la violence des attaques du début de la semaine, certains membres de l'équipe craignent au contraire que les nouveaux électeurs ne viennent uniquement pour sanctionner l'ancien chef du gouvernement. «Dimanche, ce n'est pas un référendum pour ou contre Valls. Dimanche, ce n'est pas un référendum pour ou contre le quinquennat de François Hollande: c'est la première pierre de notre organisation qui doit nous amener vers la présidentielle pour la gagner», a donc préféré prévenir Luc Carvounas, sénateur-maire d'Alfortville dans son petit discours de chauffeur de salle avant Manuel Valls.

 «Un référendum sur la laïcité»

Une heure plus tard, Valls lui-même détourne l'enjeu du scrutin pour mieux attaquer son adversaire coupable, au mieux, «d'ambiguités» sur la laïcité. «Dimanche c'est un référendum sur la laïcité», estime l'ancien ministre de l'Intérieur. Qui, du coup, fait applaudir les noms de Caroline Fourest et d'Elisabeth Badinter mais aussi le journaliste Mohamed Sifaoui, opposant viscéral et controversé du salafisme et le député Malek Boutih qui a accusé mardi Benoît Hamon de sympathie pour les «islamo-gauchistes».

Valls embraie: «Mon projet, il n'est pas catholique, il n'est pas juif, il n'est pas musulman. Mon projet il est de gauche, laïc et républicain.» Si des divergences ont lézardé l'équipe de campagne en début de semaine en raison du tour agressif donné à l'entre-deux-tours, elles ont disparu jeudi à trois jours du but. «Taper fort a permis d'avoir de la presse, explique Philippe Doucet. Le système médiatique n'aime pas les filets d'eau tiède.» Une campagne totale. Seule la victoire est belle.