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Libération
Reportage

Chez les supporteurs de Valls : «Je voterai Macron»

Hamon candidatdossier
A la Maison de l'Amérique latine, les partisans de l'ex-Premier ministre hésitaient entre discipline de parti et franche hostilité à l'égard de Hamon.
Déclaration de Manuel Valls à la maison de l' Amerique Latine, après l' annonce de sa défaite aux primaires de gauche, ce dimanche. (Photo Laurent Troude pour Libération)
publié le 29 janvier 2017 à 23h12

Manuel Valls a perdu sa seconde primaire consécutive. A la Maison de l'Amérique latine, où il a prononcé son discours de défaite, on a glissé entre deux mondes en l'espace de soixante minutes. Il y a le début : des militants triés sur le volet – genre VIP – qui déroulent la littérature raccord avec un intitulé aussi joli que «primaire de la Belle Alliance» – loyauté, rassemblement et fidélité, quel que soit le dénouement. Bref, l'osmose. Mickaël Bellance, la vingtaine passée, dégaine de député junior et pro-Valls dans le Val-de-Marne, évoque la suite en cas de défaite : «Il y a des règles.» Lesquelles stipulent de soutenir le gagnant. On tique quand même sur certaines expressions au milieu des gentils slogans. Il arrive ainsi qu'un militant vallsiste désigne Benoît Hamon en disant «l'autre» et parle des frondeurs comme on décrirait de méchants moustiques.

Et puis, il y a l'entre-deux qui ne dure pas très longtemps, quand on sait que tout est plié, mais qu'il y a une posture à tenir : faire semblant d'attendre un résultat, jouer la sérénité, se retenir de dire quelque chose qu'un journaliste peut tweeter. A ce moment précis, un agent de sécurité, sur le ton de la confession, répète en boucle : «Ne nous inquiétez pas, ce soir, vous allez vous coucher tôt.» Enfin, il y a l'après, quand il est devenu permis de raconter la défaite. Les mêmes VIP avec un bracelet jaune ont la mine qui vous fait comprendre qu'ils adhèrent complètement à cette théorie des deux gauches irréconciliables.

Andréas, 17 ans, avec un badge primaire : «Je ne l'aime pas Hamon, c'est un opportuniste. En privé, il le dit lui-même : le revenu universel est irréalisable. Je voterai Macron.» Avant de dégainer : «Il faut que ces gens aux antipodes de tout s'en aillent du parti… on pourrait voir les choses autrement si le FN n'était pas à 30%.»

On est allé assister à une chute, celle de l'ex-Premier ministre, théoricien des deux gauches irréconciliables. Il avait une semaine pour rattraper son retour sur Hamon, sans donner l'impression d'être un méchant. Dimanche soir, à la maison de l'Amérique latine, des journalistes sont venus décrire le boucan que fait un ex-favori qui tombe, des vallsistes qui voient en Macron un gentil cousin, un militant bon client qui fait le tour des caméras et des politiques qui sur le coup, ont la tête remplie de stratégies. Malek Boutih, député de l'Essonne, lance à un confrère : «Vous ne comprenez rien [à la politique, ndlr] Puis il s'en va, le visage décomposé, comme s'il s'apprêtait à traverser une immense forêt peuplée d'animaux sauvages.