La grande finale est passée. La France a écrasé la Norvège et décroché le titre de championne du monde de handball. L'équipe d'amateurs marseillais a pu éteindre la télé et réintégrer son vestiaire pour se concentrer sur sa propre compétition. En gardant un œil sur celle, plus politique, à laquelle va désormais pouvoir participer Benoît Hamon. «Je l'ai trouvé sympathique, insiste Clément, le plus jeune de la bande. Il était drôle sur Twitter, j'ai bien aimé aussi ses interviews Snapchat… Il a su se rendre un peu sexy. Après, faut pas s'arrêter à ça, j'attends le programme…»
Le vestiaire, ce soir, est unanime : Hamon a fait du bien, au Parti socialiste comme à cette campagne. Même Jean-Claude, le quinqua désespéré de la politique, esquisse un début de commencement d'intérêt pour l'élection à venir : «Je crois que c'est la première fois depuis que je suis en âge de voter qu'il n'y a dans une élection ni le sortant ni celui qui a affronté le sortant au second tour, relève-t-il. Hamon, Mélenchon, Fillon, Macron… Peut-être que les nouvelles têtes auront les mêmes idées que les anciennes mais bon, là, je me dis que j'irai peut-être voter.» En revanche, certaines choses ne changeront pas : Kader arrive à la bourre. «En fait, avec toutes ces nouvelles têtes, c'est Marine Le Pen qui se retrouve ringardisée !» démarre-t-il au quart de tour.
Un coéquipier vient de lancer la balle «pourquoi pas Macron ?» en l'air. Kader l'intercepte au vol : «Je suis épaté de voir ce qu'on fait de ce bonhomme ! On n'arrête pas de nous parler de légitimité des urnes, des 4 millions de votants pour la primaire de la droite, des 2 millions pour la gauche… Et là, juste sur la base de sondages, on fait monter ce mec. Mais il pèse quoi ?» Nico fait ses calculs : entre les vallsistes déçus et les fillonistes en pleine crise, auxquels s'ajoutent les «voteurs utile», le cas Macron n'est pas si anecdotique. Clément, pour qui ce sera la première présidentielle, pense déjà au vote utile : «Parce que voir Marine Le Pen au second tour avec un candidat faible en face… ça me fait peur.»