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Libération
Récit

L’ex-frondeur Hamon en tournée chez les parlementaires PS

Le candidat rencontre ce mardi les députés et sénateurs des divers courants socialistes, qu’il compte associer à son projet pour éviter que le parti lui mette des bâtons dans les roues.
Benoît Hamon lors de son investiture par le Parti socialiste, dimanche à Paris. (Photo Marc Chaumeil pour «Libération»)
publié le 6 février 2017 à 20h36

Dernière figure imposée. Après un passage par Matignon, l'Elysée et la Maison de la Mutualité, dimanche, pour une convention d'investiture organisée par le PS, Benoît Hamon en termine ce mardi avec les usages de la famille socialiste : la visite aux parlementaires. «C'est une visite attendue comme on attend son candidat à la présidentielle», assure Olivier Faure, président du groupe PS à l'Assemblée nationale. «Ce sera un échange. Benoît Hamon veut ouvrir les portes et les fenêtres de sa campagne», ajoute son directeur de campagne, Mathieu Hanotin.

Grandes et heureuses retrouvailles entre camarades ? A voir… Car certains élus légitimistes, s'ils acceptent le résultat de la primaire, ont tout de même du mal à avaler que le «frondeur» Hamon soit désormais leur candidat. Certains pourraient ainsi lui rappeler qu'il a apposé sa signature en bas d'une motion de censure, certes avortée, mais rédigée par des députés de gauche après le 49.3 sur la loi travail. «On peut ressasser les frustrations, on les prend d'ailleurs en compte, mais il faut se tourner vers l'avenir, sinon on va y passer la campagne», fait valoir le député Régis Juanico, porte-parole du candidat. «On nous annonçait un tsunami, plaisante un soutien de Hamon, on nous disait que la moitié des députés du groupe allait se barrer et, au final, ils sont combien ? Cinq ? Six ?» Au moins 19, si on compte les signataires, fin janvier dans le Monde, d'une tribune pour demander un «droit de retrait» dans la campagne.

«Expertise». Les socialistes finissent le quinquennat à front renversé : les plus ardents à dénoncer les frondeurs depuis 2014 se retrouvent désormais dans cette même position face à Hamon… «Oui, il y a toujours quelques grincheux, minimise Hanotin. Mais les choses ont été tranchées par un vote large et populaire.» D'autant plus que les députés socialistes ont désormais, sous les yeux, les résultats de la primaire dans leurs circonscriptions. «On a vu qui venait voter. On connaît nos électeurs, souligne un élu. Ça doit faire réfléchir pas mal de copains pour les législatives…» Et ce, même s'ils ne s'imaginaient par défendre le revenu universel d'existence, la VIe République, l'abrogation de la loi Travail ou la légalisation du cannabis.

«Bien sûr, il peut y avoir chez certains collègues de l'amertume, convient Olivier Faure. Mais personne n'a envie d'être dans la revanche, de prolonger une guerre entre les frondeurs et les autres.» Pour signer une paix des braves indispensables pour faire campagne, l'équipe Hamon et la présidence du groupe socialiste ont donc trouvé un terrain d'entente : si le candidat «ne changera pas de cap», insiste son entourage, il sera proposé aux parlementaires d'«approfondir» le projet. «Il y une colonne vertébrale, celle de la primaire, souligne Juanico, mais on compte sur les députés pour nous apporter leur expertise.» Même sur le revenu universel d'existence, qui n'a jamais été inscrit dans les textes du PS, l'équipe Hamon propose aux élus compétents de travailler à la «préparation de la première étape» : l'automaticité du RSA pour toutes les personnes déjà éligibles, puis la généralisation à tous les 18-25 ans en 2018. «On a des spécialistes des questions de jeunesse et de précarité», ajoute Juanico, pour qui il y a «d'autres terrains à défricher».

Royal 2007. L'exécutif la semaine dernière, le parti dimanche, les groupes parlementaires ce mardi… Avant de se lancer pleinement dans sa campagne, Hamon veut ainsi s'assurer que sa propre famille politique jouera bien le jeu. Selon son équipe, le spectre d'une campagne type Royal 2007, avec un appareil qui n'avait pas roulé pour sa candidate, s'éloigne. En privé, le député des Yvelines lui-même estime que la direction socialiste fait le job. Et comme il bénéficie de bons sondages, qu'il est repassé devant Jean-Luc Mélenchon, les barons locaux se taisent.

«Benoît a connu 2007. Il sait ce qu'il ne faut pas faire», explique un de ses amis. Ça commence par ne pas ignorer les autres courants socialistes dans l'équipe de campagne - qui doit quitter en fin de semaine la tour Montparnasse pour s'installer dans un nouveau QG proche de la place de la République, dans le Xe arrondissement de Paris. Des proches de Manuel Valls ou des fidèles de François Hollande devraient figurer en bonne place dans le nouvel organigramme, qui sera dévoilé, selon son équipe, en milieu de semaine.