Alors que François Fillon est en pleine tourmente judiciaire et médiatique à la suite des révélations du Canard enchaîné sur, notamment, les emplois présumés fictifs de son épouse et deux de ses enfants, Libération a sélectionné dans son programme les cinq phrases que le candidat LR à la présidentielle, bien que présumé innocent, pourrait avoir du mal à prononcer ces prochaines semaines. Et, pour pimenter l'exercice, nous avons attribué à chaque phrase une note sur 10, en fonction du potentiel d'hilarité qu'elle pourrait provoquer chez les citoyens, si elle venait à être prononcée à haute voix, en public, par le candidat…
1. «Beaucoup de Français en ont assez d'être de "bons élèves" alors que d'autres semblent profiter du système.» Cette phrase figure à la page 65 de son livret Pour vous, où François Fillon déclare ses intentions façon abécédaire. Le titre de la rubrique ? «Injustices»…
Note : 10/10. François Fillon, s'il lui venait à l'idée de prononcer cette phrase sur un plateau télé, provoquerait sans aucun doute l'hilarité des téléspectateurs et les foudres de Twitter.
2. «On ne cherchera plus dans quel pays notre enfant pourra trouver son avenir. L'avenir de notre jeunesse, ce sera ici, dans notre pays !» Page 69, chapitre «Jeunesse».
Note : 5/10. Vouloir rendre le pays attractif pour la jeunesse ? L'objectif serait difficilement critiquable. Mais cette promesse prend un tout autre sens lorsque l'on apprend que le candidat est soupçonné d'avoir fait travailler, sur les deniers publics et à des tâches suspectées de ne pas être liées directement à sa fonction parlementaire, deux de ses enfants… Egalité des chances, vous avez dit ?
3. «Nos concitoyens considèrent que souvent la justice est laxiste.» Page 71, chapitre «Justice»
Note : 7/10. Doit-on vraiment développer ?
4. «Le mandat politique repose sur la confiance que l'on prête à celui qui nous représente. La responsabilité suppose de l'exemplarité. Ces dernières années, un certain nombre d'affaires sont venues donner aux citoyens le sentiment que leurs représentants se croyaient au-dessus des lois. Avec l'affaire Cahuzac, le pire fut atteint. D'autant qu'elle a porté un préjudice grâce à des milliers d'élus qui, au niveau local en particulier, sont exemplaires de dévouement et de générosité […] J'ai toujours placé l'exemplarité, l'honnêteté et l'intégrité au-dessus de tout. Je continuerai à agir comme cela. On a pu me reprocher de ne pas chercher à faire du "buzz"». Page 102, chapitre «Valeurs».
Note : 8/10. Bien entendu, François Fillon est présumé innocent dans l'enquête sur d'éventels détournements de fonds publics et abus de biens sociaux. Reste qu'on l'imagine désormais mal aller parler de l'affaire Cahuzac sur un plateau télé…
5. «Oui, les Français sont généreux : ils souhaitent continuer à offrir une assistance aux plus démunis. Mais ils sont de plus en plus exaspérés par les gâchis et le laxisme ambiant. […] Chaque personne recevant une aide publique doit se sentir investie de devoirs, à commencer par le premier d'entre eux : celui de respecter les lois de la République.» Page 26, chapitre «Devoirs».
Note : 6/10. Il n'est certes pas défendu à François Fillon de continuer à faire campagne, notamment sur le thème de la solidarité. Il lui serait néanmoins assez difficile d'être crédible s'il employait le terme d'assistanat, ou s'il jouait les héraults de la bienséance sur les aides publiques…
Bonus : «L'impunité zéro doit être la règle !» Page 107, chapitre «Zéro impunité».
Note : 10/10. On ne voudrait pas sembler malicieux, mais on voit très très mal le candidat dire cela en public prochainement…