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«Si Macron ne dit rien, ce sera "nada"»

La France invisibledossier
par Stéphanie Harounyan, (à Marseille)
publié le 8 février 2017 à 20h16

Pendant la campagne, Libération sonde, chaque jour de la semaine, cinq lieux différents de la «France invisible». Le jeudi, un club de handball près de Marseille.

D'ordinaire, Julien sèche l'entraînement du mardi. Mais un match décisif pour la Coupe de France approche. «Et puis j'ai des choses à dire», lâche le trentenaire dans un sourire. Julien est le «mec de droite» de l'équipe, explique-t-on. L'affaire Fillon, ça doit forcément le retourner…

«Tu ferais quoi, toi, tu resterais ? demande Romain, pas convaincu par la prestation télé du candidat LR. Moi, je passe mon tour. Il est en train de légitimer ces pratiques politiciennes… Quand tu l'entends parler, ce qui le choque le plus, c'est le bruit que l'on fait autour de son affaire.» Julien prend tout le monde à contre-pied. «Je m'en fous, évacue-t-il. J'aurais pas voté pour lui de toute façon. Ce catho intégriste…»

Alors dilemme, pour qui voter ? Julien réfléchit : «Fillon, c'est pas possible. Et de l'autre côté, Hamon, il est limite communiste… Macron, c'est le seul jeune sans étiquette et hors système… Ce qui me gêne, c'est qu'à deux mois de l'élection, il n'a toujours pas de programme…» Coco trouve ça plutôt malin : «C'est tout bénéf pour lui. Regardez, des gens comme "Ju" sont susceptibles de voter pour lui alors que s'il dit qu'il est de gauche, il perd du monde.»

Sauf que Julien n'est pas d'accord. «Il a intérêt à sortir du bois, prévient-il. Moi, par exemple, s'il ne dit rien, ce sera nada.» Reste l'hypothèse Bayrou : «On parle de Bayrou ? Y a des municipales anticipées à Pau ?» lance Kader qui vient d'entrer dans le vestiaire. Julien prend la possibilité au sérieux. «Je l'ai vu samedi soir sur France 2, je ne le supporte pas, mais il était à deux doigts de me convaincre…»

Sur le banc d'en face, Jean-Claude s'étrangle : «Il a beau jeu, lui qui a toujours laissé faire les autres !» L'équipe se penche ensuite sur Marine Le Pen. Coco en est persuadé, le FN va certainement récupérer une partie des déçus de Fillon. Julien soupire : «Je vous le dis, on va finir par regretter François…» Coco se marre : «Oui, mais lequel ?»