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Libération
Vu de la rue

A Aulnay, «les flics ont dérapé une fois de trop»

La France invisibledossier
(BiG)
publié le 13 février 2017 à 19h56

Pendant la présidentielle, Libération sonde, chaque jour de la semaine, des lieux différents de la «France invisible». Aujourd’hui, les abords du canal Saint-Martin avec un sans-abri.

Voilà une semaine qu'a surgi dans la campagne un sujet que Christian trouve «assez dangereux». «Une affaire de merde» parce qu'elle «met en cause des policiers». Assis place de la République, dos au soleil - «de face, on n'y voit rien pour tweeter» -, le quadra commente «ce qui est arrivé à Théo» à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Pour lui, «les flics ont dérapé une fois de trop», dans un contexte d'«état d'urgence qui leur confère une certaine impunité». D'ailleurs, pour «calmer les choses», il faudrait une condamnation unanime et des peines exemplaires pour les quatre agents mis en examen, dont un pour viol. Christian espère que ce dernier écopera de «prison ferme», sans quoi l'atmosphère dans les banlieues restera «tendue».

D'un point de vue politique, le problème, selon lui, c'est que «depuis les attentats, les flics sont populaires. Même Renaud chante qu'il en embrasse un… Alors les candidats à la présidentielle ont plus de voix à perdre à les critiquer que de voix à gagner [en se rangeant] du côté des habitants des cités, qui votent peu.» Conclusion : «Personne n'ose trop se mouiller», et quand les quartiers sensibles s'agitent, «le FN se gave».

L'expérience de Christian lui fait dire que, pour ne pas être embêté, «il vaut mieux ne pas avoir la peau colorée». « Moi qui suis blanc, ça va, d'autant qu'en France, quand tu t'attaques à des SDF, ça peut vite être mauvais pour ton image». Pour ses «potes sans-papiers», en revanche, «ça craint».

C'est pourquoi il préconise d'ajouter un volet «éducation culturelle» dans la «formation» des policiers, et de renforcer «l'aspect psychologique». «A leur décharge, on a trop tendance à les prendre pour des assistantes sociales. A les envoyer quand tout le reste a échoué.» Et puis, «des flics, il y en a aussi des très bons». Christian en connaît «deux».